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RESOLUTION DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DU CONSEIL NATIONAL DU 1er MAI 2001

La Kabylie vient de subir l’une des répressions les plus sanglantes lancées contre des populations civiles depuis l’Indépendance. 46 morts et plusieurs centaines de blessés sont dénombrés.

En ces moments de deuil, le RCD s’associe à la douleur de toutes les familles et s’incline devant la mémoire des victimes fauchées à la fleur de l’âge. Le RCD rend hommage à la solidarité des citoyens et salue le dévouement et la disponibilité de ses militants dont la présence courageuse, sur un terrain dangereusement miné par la répression et la provocation, a contribué à limiter le nombre de victimes.

Il s’agit là d’une tragédie nationale qui marquera durablement l’histoire de l’Algérie indépendante. Cette épreuve est d’autant plus insupportable qu’elle a duré dans le temps. Pendant six jours, les gendarmes ont tiré à balles réelles sur des jeunes aux mains nues. Ce drame n’est pas la conséquence d’un affolement ou d’une bévue. Il fait suite à une  volonté délibérée de gérer, par la terreur, une revendication identitaire populaire évoluant dans un climat social  national délétère.

Face à cette situation inédite, le dernier discours du Président de la République rappelle les autres interventions des dirigeants algériens en pareille circonstance : tardif et général.

La volonté louable d’appeler à l’apaisement, exprimée notamment par le ton, cache mal le refus de prendre des engagements clairs en faveur d’un fonctionnement d’un Etat de droit digne de ce nom et d’une intégration nationale cohérente, solidaire et démocratique.

Dans tout Etat respectueux de la liberté et de la sécurité des citoyens, le gouvernement tomberait pour des événements moins graves que ceux qui endeuillent notre pays aujourd’hui.

Les responsables des services de sécurité impliqués dans de tels massacres sont sanctionnés quand il y a faute et, dans tous les cas, démissionnent même si leur culpabilité n’est pas établie.

Sur le fond, il était attendu du Président de la République, au-delà des affirmations de principe, l’annonce de décisions concrètes en faveur d’une nouvelle Algérie réconciliée avec tous ses enfants, son Histoire et sa culture.

Devant cette catastrophe, doublée d’une impasse stratégique qui privilégie l’instant à la durée et le système à la Nation, le RCD oppose ses principes fondateurs comme il l’a fait à chaque fois que la patrie l’exigeait :

  • En 1992, face à un péril qui allait exclure l’Algérie de l’Histoire, le RCD  a pris ses responsabilités et s’est prononcé pour l’arrêt du processus électoral ;
  • en 1994, lorsqu’il a fallu assumer la résistance devant le déchaînement du terrorisme intégriste, le RCD a également pris ses responsabilités en lançant, seul, son appel à la résistance citoyenne ;
  • en 1997 et malgré une fraude annoncée, le Rassemblement a accepté de s’inscrire dans un processus d’émergence et de stabilité institutionnelle ;
  • en 1999, une fois énoncée publiquement la volonté de prendre en charge les chantiers de l’éducation, de la justice, de l’administration et de l’économie et d’instaurer la paix à travers les lois de la République, le RCD engage sa crédibilité et s’implique dans un gouvernement d’union nationale où deux de ses militants ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Le Conseil National salue, aujourd’hui, leur dévouement.

La tragédie de la Kabylie montre, une fois de plus, que les responsables du régime algérien, au-delà de leurs divergences tactiques, cultivent les mêmes pratiques et visent les mêmes objectifs : relancer l’autoritarisme et restaurer le système en place au détriment de la Refondation Nationale.

Ce qui s’est passé en Kabylie n’a rien de conjoncturel et n’est pas réductible à une région. La conscience de chaque Algérien est interpellée.

 Le drame d’aujourd’hui révèle, dans le sang, l’impasse historique d’un système politique sectaire, archaïque et répressif.

Le RCD prend acte de cette situation.

Fidèle à ses engagements, principes politiques et valeurs morales, il se retire du gouvernement. L’honneur de l’Algérie et la fidélité à notre combat exigent ce retrait.

Le RCD lance un appel solennel au peuple algérien pour continuer le combat démocratique et républicain par toutes sortes de voies et de moyens  pacifiques.

Le système du parti unique a vécu. Les citoyens algériens ont eu à exprimer publiquement ces dix dernières années, l’avenir qu’ils souhaitent construire pour leurs enfants.

Le RCD reste disponible pour toute concertation autour de la préservation et de la consolidation de l’Etat républicain et de la perspective démocratique pour lesquelles se sont sacrifiés les meilleurs enfants de l’Algérie.

Plus que jamais, l’œuvre de Refondation Nationale s’impose comme l’urgence patriotique.

Alger, le 1er mai 2001

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