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3 -ème CONGRES ORDINAIRE DU RCD 2007 – ALLOCUTION D’OUVERTURE DU PRESIDENT SAID SADI

III è CONGRES ORDINAIRE DU RCD

JEUDI 8 – VENDREDI 9 FEVRIER 2007

COUPOLE MOHAMED BOUDIAF, ALGER

ALLOCUTION D’OUVERTURE DU PRESIDENT SAID SADI

Monsieur le Président du Congrès,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les représentants de partis politiques,

Mesdames et messieurs les invités,

Cher (es) ami (es) congressistes,

Bonjour,

Nous voilà réunis pour notre 3ème congrès ordinaire du RCD, le jour même de son 18ème anniversaire dans la salle qui porte le nom de l’homme charnière qui avait promis de parachever la lutte pour l’indépendance par un projet de développement démocratique. Combattant de la première heure, il a su, le moment voulu, mettre au service de son peuple des qualités de bâtisseur.

Sans l’avoir délibérément prévu, notre slogan « Ensemble pour l’Algérie de demain » fait écho à la sublime devise de Mohamed Boudiaf Allah irahmou : ‘’ L’Algérie avant tout’’. Un autre homme a su allier détermination et capacité de construction ; c’était Abane Ramdane, à l’origine de la plateforme de la Soummam qui constitue pour nous, aujourd’hui encore, une source inépuisable d’inspiration. En votre nom à tous, je salue Mme veuve Abane qui, malgré un état de santé délicat, nous a fait l’honneur d’être des nôtres.

C’est cette vertu cardinale qui fait que les grands dirigeants savent sortir de la culture de la guerre pour investir la paix et construire la prospérité qui doit, plus que jamais, guider notre combat.

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, le défi qui s’impose à chacun d’entre nous est, à la fois, simple et vital. Comment trouver en soi les ressources qui permettent de sortir d’un vécu de violence pour s’inscrire dans une perspective de construction dans la sérénité ?

En politique, la différence est nécessaire et légitime. La pluralité a vocation à explorer au mieux les possibilités des solutions qui s’offrent à un pays en vue de parvenir au consensus et non à mener au déchirement ou à l’exclusion.

C’est sur cette démarche qui transcende la douleur pour installer l’apaisement, que nous entendons débattre ici et que nous souhaiterions être entendus.   Celles et ceux qui vivent dans et avec notre peuple savent que nos compatriotes recherchent désormais une issue consensuelle à une histoire tourmentée.

Il ne s’agit pas d’être amnésique. Tous les peuples ont connu dérives et épreuves. Les plus grands sont ceux qui ont su traiter courageusement leur passif pour dépasser le malheur.

Quelle meilleure façon pour nous de célébrer l’anniversaire de notre formation que celle de nous retrouver tous ensemble, anciens, militantes et militants, en convivialité avec les nombreux jeunes qui ont choisi de porter et d’amplifier avec nous le projet de société démocratique. En une telle occasion, nos premières pensées vont vers celles et ceux qui ont été prématurément  ravis à notre affection et à celle des leurs. C’est l’occasion pour nous tous de leur renouveler le serment de poursuivre la lutte pour l’idéal partagé.

Mesdames, Messieurs,

Survenant dans un contexte incertain de notre histoire, notre congrès doit sa tenue à la conjugaison de deux facteurs décisifs :

  • La conviction d’un collectif militant qui a su garder force et ferveur dans les pires conditions de lutte,
  • La généreuse solidarité des citoyens qui ont permis à notre Rassemblement de pouvoir disposer, en l’absence d’un financement public, des moyens nécessaires à la traduction de ses engagements.

Aujourd’hui, malgré les difficultés et les obstructions, nous sommes là, à deux mille, à représenter les 48 wilayas de notre immense pays et l’émigration dans la solidarité d’une chaîne de générations allant des acteurs de la libération nationale aux jeunes qui se battent pour leur avenir en passant par les artisans des luttes démocratiques des années quatre-vingt.

Mesdames, Messieurs,

Depuis notre dernier congrès ordinaire, l’Algérie et le monde ont été marqués par des évènements majeurs.

Notre Rassemblement y a fait face. Il s’est acclimaté aux diverses situations fort d’une identité politique, d’une expérience historique et d’un potentiel militant qui font de lui une formation à la charnière de plusieurs combats.

Même dans une quasi clandestinité, notre parti a continué sa mission de jonction entre la société civile et la classe politique pour contribuer à la construction d’espaces autonomes de la société civile. : syndicats, mouvement associatif, action en faveur de la réappropriation de la mémoire nationale, relance du mouvement féminin, animation du débat sur l’identité et autres grands thèmes de société ont été au centre d’une mobilisation permanente du collectif militant.

Si nous sommes aujourd’hui ensemble avec notre force de proposition, malgré une répression de tous les instants, c’est grâce à ce travail de proximité, peu visible, mais combien fertile pour toute formation qui veut rester en phase avec les attentes citoyennes et leur apporter les solutions les plus adéquates.

Hors du pays, notre Rassemblement a toujours gardé un contact soutenu avec la communauté émigrée qui a bénéficié en retour d’une information et d’une écoute à la mesure des enjeux nationaux. Ce faisant, le RCD a pu disposer d’éclairages souvent pertinents sur la perception de l’Algérie dans le monde et découvrir des acteurs  avec lesquels nous pouvons construire une coopération fiable et performante.

C’est aussi souvent grâce à ces compatriotes, oubliés de nos représentations diplomatiques, quand ils ne sont pas ouvertement agressés, que nous avons pu développer une activité internationale qui nous a permis  de montrer  que  l’Algérie, installée dans une autre gouvernance, pouvait être un partenaire sérieux.

Tout cela a été réalisé dans des conditions politiques nationales délétères. Les moyens dont nous avons disposés, particulièrement ces cinq dernières années, ont été des plus dérisoires.

Le financement des activités du parti a été, pour l’essentiel, garanti par le sacrifice des cadres qui ont reversé 10 % de leur mensualité. L’appareil permanent du Rassemblement, réduit à sa plus simple expression, a été compensé par un dévouement militant exemplaire.

La comptabilité du RCD présentant une consistance des plus modestes, vous n’aurez pas à me subir trop longtemps sur ce chapitre. Les comptes du parti se répartissent comme suit :

Bilan financier

du 28 février 1998 au 30 novembre 2006

  RecettesDépensesSolde
SoldeSubventionsCotisationsTotalDépensesSolde
1998200003800000328000071000006667595,63432404,37
1999432404,37380000028400007072404,376839570,39232833,98
2000232833,98380000036000007632833,987424265,91208568,07
2001208568,07380000026400006648568,075982377,22666190,85
2002666190,85 35000004166190,854159822,46368,45
20036368,45 18788401885208,452506304,07-621095,62
2004-621095,615000000182100016199904,3816176432,6623471,72
200523471,72 25255002548971,72252240326568,72
200626568,72 35490003575568,723427193,45148375,27
Totaux 30 200 00025 634 34055 834 34055 705 964,73 

N.B. *-Le solde de l’année 2003 est une dette.

       *-Pour les besoins de son fonctionnement le parti a contracté deux emprunts :

          En 2005 : 525500

          En 2006 : 1638000

       *-la comptabilité a été arrêtée au 30 novembre 2006. 

Au niveau organique, nous avons tenu à assurer un fonctionnement régulier à nos instances, en dépit de toutes sortes de contraintes. Cette constance a permis au collectif militant d’être toujours informé des grands dossiers du pays et des problèmes du Rassemblement. Ce fonctionnement pérenne a également absorbé, sans grand dommage, attaques et pressions.

Outre ces pressions extérieures, le RCD a cependant souffert d’une certaine lourdeur de son architecture organique. Celle-ci était conçue, en 1998, dans la perspective d’une évolution plus ouverte de la vie publique. Les vice-présidences créées pour démultiplier les paliers de responsabilités se sont avérées inopérantes dans une conjoncture chaotique appelant souplesse et célérité dans la gestion de l’information interne. Par ailleurs, la base militante atomisée dans des sections pléthoriques n’a pas pu disposer en temps voulu des orientations susceptibles de lui permettre une expression et une présence massive et cohérente dans la commune. Fort de cette évaluation et de l’analyse des organisations similaires à la nôtre de par le monde, nous avons proposé en Commission nationale de préparation du Congrès une adaptation organique qui homogénéise la fonction exécutive tout en lui assurant une coordination horizontale.

Pour dépasser le cloisonnement provoqué par l’éclatement du collectif communal, nous avons aussi proposé des sections qui rassemblent une masse militante garantissant un débat ouvert au plus grand nombre et une présence politique efficace dans la commune.

Ces deux réformes organiques, soumises à votre appréciation, me paraissent être des changements impérieux dans la mesure où ils offrent une bonne fluidité de la communication et une meilleure intégration des nouvelles adhésions.

Chers amis,

Voilà dans quelles conditions et avec quels moyens nous avons lutté et évolué.

Si un parti politique a pu concevoir et faire partager un projet dans de telles circonstances, cela n’est pas dû à sa seule perspicacité. Cette adhésion trouve fondamentalement son explication dans le fait que ce projet était attendu par la société.

On a souvent dit, en effet, que le peuple algérien n’était pas mûr pour la démocratie tout en l’encensant quand il s’agit de provoquer ses réactions épidermiques pour l’engager dans des manœuvres dilatoires.

Ce serait la faute du peuple si nos villes sont sales, si le travailleur n’est pas productif, si la violence sévit ou si la corruption s’est institutionnalisée ; mais c’est grâce aux dirigeants que le pétrole se vend bien et que le pays a connu une pluviométrie satisfaisante en 2006.

On ne peut pas revendiquer, en 2007, le pouvoir absolu et refuser d’assumer la moindre responsabilité du bilan de sa propre gestion.

Dans la classe politique également et j’ai eu déjà à le dire : il n’y a pas de mauvais soldats, il n’y a que de mauvais généraux.

Quand un ministre est mauvais ou, pire, qu’on l’accuse de malversation, on ne le donne pas en pâture à la télévision tout en le gardant dans son staff gouvernemental.

Quand on veut rétablir la paix, on ne pénalise pas la vérité et la justice. On en appelle à la sagesse et à la responsabilité pour un examen lucide de la crise en vue de la dépasser et non de l’instrumentaliser.

Non mes chers amis !

Le peuple algérien ne peut accepter d’être exclu de la décision et d’être accablé de tout.

Notre Congrès ne se veut pas un simple évènement partisan. Outre la nécessité de relancer la vie publique, il ambitionne d’ouvrir une nouvelle étape où nous devons apprendre à nous parler, à nous écouter et à nous respecter afin de trouver, ensemble, les solutions aux problèmes du pays.

Il y a encore suffisamment de ressources et de moyens pour donner à l’Algérie le statut et la prospérité qu’elle mérite.

Nous ne sommes pas là pour faire le panégyrique de notre Histoire. Mais combien de peuples ont résisté à 8 grandes conquêtes ? Quelle nation aurait survécu à une crise sanglante qui a rassemblé d’un seul tenant autant d’ingrédients explosifs : confiscation de l’Histoire, autoritarisme, prédation, frustration sociale, éducation au rabais, terrorisme… ?

Nos voisins, dont je salue les diplomates et les représentants des principales formations politiques ici présents, ont pu, peu ou prou, parvenir à stabiliser des cadres institutionnels perfectibles à partir desquels il leur est possible de se projeter dans l’avenir.

Le régime algérien n’arrive pas à se convaincre que l’opposition est une institution. Qu’à ce titre elle a vocation à se voir reconnue une mission constitutionnelle de critique, de contestation et de proposition.

L’Algérie de demain ne peut s’accommoder, plus longtemps, d’un Parlement relevant plus d’une confrérie que d’une institution républicaine incarnant la volonté populaire. La visite du siège de l’Assemblée populaire nationale est édifiante. Le député n’a pas de bureau pour recevoir ses concitoyens. Il ne dispose pas, non plus, de permanence et d’attaché parlementaire dans sa circonscription pour s’entretenir avec les électeurs. Le site est réduit à une plénière où le vote à main levée fait écho aux injonctions de l’Exécutif.

Comment sortir d’une dérive patrimoniale qui a privatisé l’Etat avec tous les gâchis sous-jacents qui relaient et amplifient les méfaits d’une corruption endémique. Avec un baril à 70 dollars en 2006 et des réserves financières plus de 70 milliards de dollars, l’Algérie compte 12 millions de personnes qui vivent avec 2 dollars par jour.

Les classes moyennes on été laminées. Le SNMG est équivalent à 100 euros pour un PIB/habitant de 3000 dollars alors qu’il est respectivement de 150 euros pour 2600 dollars en Tunisie et de 200 euros pour 2000 dollars au Maroc, avec un pouvoir d’achat des trois monnaies comparable . Une étude de l’UGTA faite en 2005, chiffre les besoins minimaux d’une famille de 7 personnes à 24 790 DA le mois.

Le délabrement du système national de santé s’accentue sans cesse. La couverture sanitaire, inchangée depuis vingt ans (loi de 1987) et la tarification aléatoire des remboursements des actes et produits médicaux, sanctionnent lourdement les couches démunies, en particulier les citoyens du Sud du pays.

L’Etat peut garantir en termes de moyens financiers, matériels et performance médicale, le droit à la santé pour tout un chacun sur toute l’étendue du territoire national.

Le service public ne fait plus débat. Et pour cause, l’Algérie a de l’argent, beaucoup d’argent mais pas de projet. Les quelques réalisations en cours sont le fait de démarches isolées, mal suivies et livrées à une exécution le plus souvent douteuse. Comment peut-on expliquer l’indifférence du Parlement devant ces chancres qui discréditent le pays et engloutissent des ressources faramineuses ?

Le barrage de Taksebt qui devait alimenter en eau la capitale est achevé depuis cinq ans. Faute d’accord sur la répartition du marché des conduites, des prédateurs en ont bloqué l’exploitation, obligeant les services techniques à rejeter l’eau vers la mer. Pendant ce temps les Algérois sont condamnés au rationnement.

Qui peut justifier le retard du métro d’Alger dont les travaux ont commencé depuis plus de vingt ans ?

Comment admettre le délai humiliant de dix huit ans mis pour réaliser l’aérogare d’Alger ?

Qui veut-on convaincre que la gabegie du groupe Khalifa n’était pas connue des plus grands dirigeants alors qu’il sévissait à ciel ouvert pendant des années ?

Comment alors être surpris de voir que des étudiants vivent, et je l’ai vu à la cité universitaire de Béjaïa, à huit dans une chambre individuelle ? J’avais plus d’espace dans mon cachot du pénitencier de Lambèse.

Non, mes chers compatriotes !  et je m’adresse autant aux congressistes qu’à nos invités, nous ne pouvons pas laisser le pays s’abîmer d’avantage. Nous ne devons pas rester spectateurs d’un tel gâchis.

D’autant que cette régression a produit un autre fléau. Celui de la résignation citoyenne qui bride le cadre algérien. Cette nouvelle forme de repli sur soi qui voit les catégories les plus performantes renoncer à leur devoir citoyen cause un manque à gagner politique et technique des plus préoccupants. Lors du dernier Ramadhan, j’étais dans les Aurès pour une réunion organique. Je voulais m’entretenir avec quelques cadres de Batna après la rupture du jeûne. J’avais demandé que l’on invite des citoyens sans appartenance partisane. Ils étaient venus à 34. Parmi eux, il y avait d’anciens magistrats, des universitaires ou des jeunes entrepreneurs. Après avoir entendu ce groupe, je n’avais pu m’empêcher de mesurer ce qu’ils auraient apporté à leur ville s’ils avaient pu s’impliquer dans une structure politique. En fait, ils disaient ne pas pouvoir s’exposer avec l’opposition, compte tenu de la férocité que lui réservait le pouvoir mais, dans le même temps, ils ne voulaient pas ou ne pouvaient plus se commettre avec lui. Voilà comment une ressource humaine d’une grande qualité est condamnée à la mort sociale.        

Chers amis,

Nous ne devons pas oublier que la conquête du multipartisme est la conséquence de ces luttes inédites qui se sont démarquées de la violence comme moyen de prise ou d’exercice du pouvoir. C’est dans cette matrice que le RCD s’est construit pour proposer un projet de société démocratique et républicain, renouant avec les idéaux du 1er Novembre 1954 et du Congrès de la Soummam.

Le parachèvement de l’indépendance nationale par le développement et la démocratie est, à la fois, un acte de fidélité au combat mené contre le colonialisme par nos aînés et une révélation de vertus et de valeurs occultées par une indépendance confisquée.

Cette mise en perspective de l’Algérie des bâtisseurs passe par une étape où chaque courant politique doit assumer ses positions.

On aurait alors une meilleure visibilité et on découvrirait que les Algériens ont beaucoup de choses à partager.

Pour ce qui est du RCD, l’essentiel des propositions mises en débat en son sein vise à reconfigurer l’espace politique et à garantir à la Nation une gouvernance consensuelle transparente et efficiente.

Les principes d’égalité, de liberté et de souveraineté du droit doivent fonder le pacte civil qui régit la République et garantit la citoyenneté.

Les libertés d’expression et d’organisation, le libre et égal accès à l’information, à l’instruction et à la culture sont des garants de l’émancipation du citoyen.

L’Algérie souffre d’un régime constitutionnel et d’un état de fait imposant l’hégémonie de l’Exécutif sur toutes les autres institutions. Ne possédant ni un régime présidentiel responsable devant le peuple, ni un régime parlementaire contrôlant le gouvernement, nous subissons un populisme qui hypothèque notre souveraineté, discrédite l’Etat et menace la cohésion sociale. Le Conseil de la Nation et l’Assemblée nationale issus de fraudes et de cooptation récurrentes ne sont que les porte-voix de l’Exécutif.

La séparation des pouvoirs et l’institutionnalisation des droits de l’Homme sont des fondements de l’Etat de droit.

Nous le voyons chaque jour, l’Algérie officielle évolue de plus en plus en marge du droit et des principes démocratiques. La Constitution est violée. Les libertés politiques et syndicales sont bafouées  l’indépendance du pouvoir judiciaire est refusée. En attendant de voir le système éducatif réhabilité dans sa mission, le corps de la magistrature doit bénéficier des formations nécessaires, selon les besoins du pays.

En restant toujours dans le domaine de la justice, on constate tragiquement à travers l’affaire Khalifa combien notre pays souffre du déficit de spécialistes en droit des affaires.

Soyons audacieux et en phase avec notre société.

La diversité politique, culturelle et linguistique est une des caractéristiques de l’Algérie. Son respect est une condition de la cohésion, de l’harmonie et de l’émancipation de la collectivité nationale.

Le monde est en train de vivre des transformations fondamentales sous le quadruple effet de la révolution de l’information et de la communication, de l’intensification des échanges économiques, de la libéralisation des sociétés et de l’explosion de la production des biens et des services.

Au lieu et place de la conquête de nouvelles libertés, la Nation est piégée par la spirale régressive faite d’archaïsmes, de reniements et de violence.

Même dans sa version amendée, le Code de la famille reste le plus discriminatoire de la région.

Autre drame, la corruption gangrène les institutions au point de saper les fondements de l’Etat

En 2005, des ONG ont classé l’Algérie à la 97éme place sur 146 pays. 75% des entreprises avouent verser des pots de vin à concurrence de 6% de leur chiffre d’affaire dès qu’elles traitent avec l’Etat.

Tous ces féaux persistent, quand ils ne s’aggravent pas, parce que le régime, obsédé par sa reproduction, n’a pas voulu tirer les conclusions qu’imposait la situation.

Le terrorisme est vaincu mais sa matrice idéologique reste taboue.

Nous ne pouvons plus faire l’économie d’un débat sérieux, serein et adulte sur la religion comme cela s’est déjà fait il y a plus d’un siècle avec la Nahdha. Nous continuons à considérer que le principe d’une laïcité inspirée de notre Histoire permet d’affranchir la religion de l’Etat pour la restituer au champ de la foi. Loin d’être un rejet de la religion, la laïcité garantit la liberté de conscience. Il y  a dans nos traditions des pratiques qui distinguent l’espace reconnu à l’autorité religieuse et celui relevant de la tutelle civile. Pour autant il faut convenir que le débat est délicat et qu’il est loin d’être épuisé.    

Autre chantier qui nous attend et qui demande énergie, lucidité et responsabilité :

La question du modèle de l’Etat doit être réfléchie en référence à la sociologie et à la culture de notre société. L’Etat doit servir la société et non l’asservir.

Organisées sur le modèle centralisé du fait de la colonisation, l’Algérie a hérité de tous les travers du jacobinisme français sans avoir pu garantir l’impartialité de l’Administration. Soumise aux diktats des responsables du moment, les missions de l’Etat fluctuent selon les intérêts des clans et des rapports de force qui les traversent.

Souvent créées pour satisfaire et placer des clientèles, des entités administratives sans âme appelées wilayas, daïras ou communes naissent loin de toute pertinence sociologique ou étude de viabilité économique.

Nous ne devons pas refaire les  erreurs qui nous ont amenés à ne tolérer l’évolution que sous la contrainte  de l’urgence.

L’Etat unitaire régionalisé s’impose si l’on veut réduire les méfaits conjugués du régionalisme et de l’opacité. La démocratie de proximité en est un impératif.

Partisan du couple droits et libertés, le RCD prône :

En matière d’organisation :

La levée de toute entrave, que cela soit au niveau associatif, syndical ou partisan.

  • le financement public de ces institutions
  • l’accès équitable aux média publics.

En matière de Droits de l’homme :

  • la consécration constitutionnelle des principes et énoncés de la déclaration universelle de 1948 et l’abolition de la peine de mort.

En matière économique et sociale, l’Algérie n’a jamais eu autant de moyens financiers.  Par sa productivité, le pays est classé à la 85ème place sur 93 pays en 2004. Notre PIB, supérieur à celui du Portugal, en 1985, représente aujourd’hui 1/7 de celui du même pays. Le montant de prés de 5 milliards de dollars atteint par les IDE ne peut faire illusion car il concerne surtout le secteur pétrolier.

L’échec du pouvoir à conduire à bon port l’opération des privatisations renvoie à l’absence de stratégie industrielle,à un instrument bancaire archaïque,à l’absence d’institution d’arbitrage crédible ,au non assainissement du patrimoine des entreprises et à la dévaluation du mécanisme d’expertise

Il s’agit de concevoir une stratégie de développement reposant sur un large consensus national, des objectifs clairs, un échéancier défini, des moyens adéquats et un suivi performant. Il appartient à l’Etat d’assurer une fonction de régulation en garantissant :

  • La liberté d’entreprendre ;
  • La promotion d’une réforme administrative, fiscale et bancaire ;
  • La finalisation de l’opération de cadastre pour, notamment résoudre la problématique du foncier agricole et industriel.
  • L’élaboration et la mise en œuvre d’une nouvelle politique de formation, axée sur la maîtrise des hautes technologies
  • La définition, en concertation avec les organisations sociales et les opérateurs économiques d’une politique de protection sociale efficiente.

Le RCD considère que pour un pays sans capacité organisée d’innovation et au vu de l’aléatoire transfert de know how par le mécanisme des IDE, l’Algérie doit faire appel à des alliances industrielles avec des entreprises étrangères apportant des plus-values technologiques probantes (formation, sous-traitance, joint venture, acquisition de licences…).

L’économie nationale doit être orientée vers la maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que celle des métiers stratégiques que sont devenus l’audit, le conseil, l’investigation, l’assurance et la finance

La question de la propriété juridique de l’entreprise est dépassée. L’important est d’observer les règles de la commercialité et de créer de l’emploi.

Le système éducatif avait connu, avec le projet de réforme de la Commission Benzaghou une expertise porteuse de renouveau si la volonté politique avait suivi pour son application.

Il faudra pourtant bien revenir sur cette opération vitale. Il s’agit de promouvoir le contenu scientifique, la performance, la vocation d’outil de développement et la mission républicaine du système scolaire. En fonction de ces principes, l’Algérie ne peut échapper à une redéfinition de sa politique linguistique. La promotion bien comprise des langues nationales arabe et tamazight témoignage de notre identité et de notre histoire. Mais le développement exige la maîtrise d’une, voire de plusieurs langues de travail.

Vis-à-vis de la jeunesse, le RCD a toujours appelé la définition d’un véritable plan Marshal en vue de lui assurer formation, emploi, culture et loisirs et, bien sûr, l’implication dans la vie institutionnelle et politique. Cette opération doit être un chantier permanent, intégrateur jusqu’à ce que le pays atteigne stabilité et développement.

L’émigration est née d’une situation historique particulière qui a fait d’elle la cheville ouvrière de la lutte pour le recouvrement de l’indépendance nationale.

Aujourd’hui, ce phénomène social a connu de profondes mutations avec une tendance générale des émigrés à se fixer dans les pays d’accueil où ils s’intègrent de plus en plus tout en restant attachés à leurs racines algériennes.

La binationalité est un fait historique et social qu’il convient de transformer en passerelle entre les peuples au lieu de le diaboliser.

Le RCD appelle à mettre en place une politique audacieuse et pérenne qui permette à notre communauté établie à l’étranger, de participer efficacement au développement du pays et à la décision nationale et lui garantisse la protection de sa dignité et de ses intérêts dans les pays d’accueil à travers :

Exportatrice de produits agricoles, hier seulement, l’Algérie vit dans une dépendance alimentaire. Les importations dépassent les trois milliards de dollars dont 700 millions en lait et produits laitiers.

Au chapitre du développement durable, notre pays aura le réveil brutal quand nous ferons l’évaluation des dégâts écologiques. Pour le RCD, le développement durable doit viser trois objectifs : l’intégrité écologique, l’équité entre les Nations, les individus et les générations et l’efficacité économique qui à, leur tour, nous appellent tous. Nos voisins déversent 220 millions de m3 de rejets liquides vers le cours d’eau, les barrages et nappes phréatiques tandis que les déchets solides sont de 1,25 millions de tonnes venant de l’industrie chimique et minérale.

Plus de 90% des eaux usées sont expulsées vers la mer sans traitement préalable. Un million d’hectares de forets a disparu de 1955 à 1997.

La protection et le classement des milieux et des zones homogènes (steppes, montagne, et oasis), la reconstitution prioritaire des milieux dégradés et la protection du milieu forestier,

L’Algérie possède un potentiel de 14 milliards de m3 d’eau de pluie dont elle ne recueille que 2 milliards.

Sur le plan touristique, le RCD préconise l’exploitation de niches touristiques spécifiques telles que le tourisme culturel grâce à un patrimoine archéologique privilégié et des parcs naturels sans équivalents dans le désert.

Le RCD propose d’intégrer dans les programmes d’enseignement le devoir de la protection de la nature.

Héritière de notre histoire, l’Armée algérienne a eu une mission qu’elle ne peut pas et ne doit plus assumer.

Les transformations mondiales en cours depuis une décade (NTIC, internationalisation du terrorisme, globalisation de l’économie) commandent désormais de parler de sécurité nationale pour pouvoir englober la défense nationale, la protection de l’économie et la lutte contre les nouvelles menaces (cybercriminalité, grand banditisme, terrorisme…) et autres catastrophes naturelles.

Pour le RCD, la sécurité nationale ne saurait être isolée de l’état général de la société, de la nature de l’Etat, de notre position géographique et des enjeux stratégiques qu’impliquent nos intérêts nationaux bien compris.

La position géographique de l’Algérie entre l’Afrique pourvoyeuse de populations migratoires et l’Europe contrée de leur destination, pose, au-delà de ces termes, un problème majeur de sécurité nationale sachant que les prévisions internationales s’attendent à l’arrivée, dans les 20 prochaines années, en territoire algérien, de 30 millions de migrants d’Afrique subsaharienne.

La grande criminalité, jusqu’ici peu connue en Algérie, tend à se développer comme en témoignent des attaques à main armée, des saisies importantes de drogue, des kidnappings, des opérations de blanchiment d’argent…

L’armée doit se désengager des jeux et enjeux politiques pour se consacrer à sa professionnalisation et à l’élévation de son niveau opérationnel en vue de devenir une armée de métier au service de la République.

La politique étrangère de l’Algérie est le reflet de sa politique intérieure. La démarche diplomatique du régime est dominée par la recherche permanente de protections internationales à coup de concessions politiques et économiques qui hypothèquent la souveraineté nationale.

A ce titre, le RCD appelle à repenser la carte de la représentation diplomatique de notre pays en fonction des exigences de notre politique étrangère et de nos relations économiques.

La globalisation appelle inévitablement à la construction de grands ensembles régionaux. L’Algérie n’a pas d’autre choix que de s’intégrer dans son ensemble naturel : l’Afrique du Nord, un existant historique annoncé par l’Etoile nord-africaine, largement consacré par la plate forme de la Soummam et réitéré par la Conférence de Tanger en 1958 qui faisait de la fédération du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie , un objectif immédiat parachevant leurs indépendances.

L’UMA ne cesse de naître et de mourir. Conçue sur le modèle d’un syndicat de chefs d’Etat, elle vit selon les humeurs et intérêts conjoncturels des dirigeants.

L’apurement du contentieux algéro- marocain, notamment le bornage des frontières, est vital pour les deux pays qui doivent laisser le conflit du Sahara Occidental trouver sa solution dans le cadre de l’ONU.

Possédant des frontières avec tous les Etats Péri Sahariens, l’Algérie a des obligations et des droits importants dans cette région. Notre pays doit faire de cette frontière un lien de coopération, de paix et de prospérité en oeuvrant, dans la concertation et la cogestion de cet espace intégrateur, à stabiliser, par le développement, les populations de ces contrées.

Le RCD préconise la création d’une Communauté des Etats Péri Sahariens (CEPS) où seront élaborés des projets solidaires touchant à l’environnement, l’économie, la sécurité, la culture et les questions migratoires.

La Méditerranée a été longtemps déchirée par des conflits pour la plupart aujourd’hui apaisés mais dont le dernier, le conflit israélo-arabe, constitue une grave menace contre la paix. Le RCD considère que la satisfaction de la légitime aspiration du peuple palestinien à la création de son propre Etat et la restitution des territoires arabes occupés en 1967 par Israël, constituent le fondement d’une paix viable au Moyen Orient.

Longtemps en tête sur la scène africaine, l’Algérie a perdu beaucoup de son influence dans cette région. Les évolutions notables enregistrées dans certains pays d’Afrique, notamment en matière de démocratisation n’ont pas bénéficié de l’anticipation et de l’attention qu’elles méritaient. L’initiative du NEPAD est porteuse d’espoir pour les peuples africains si les régimes qui l’animent sont légitimes dans leurs propres pays et enregistrent quelques performances en matière de développement national. L’Afrique du Sud et L’Afrique du Nord peuvent constituer un binôme susceptible de concevoir et mettre en œuvre une politique de développement africaine sur les moyen et long termes.

Pour des raisons géographiques et économiques, le volume des échanges avec le monde arabo musulman n’a pas suivi l’intensité des déclarations politiques des dirigeants. Appelées à se libérer de régimes autoritaires, les sociétés commencent à produire des élites qui se mobilisent en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. L’Algérie doit rester attentive à ces évolutions qui se passent dans une aire où se joue, également, une partie de son devenir.

CONCLUSION

Le RCD s’est imposé une règle cardinale : la franchise.

Nous ne devons pas nous cacher la difficulté. Tout mouvement de redressement économique et social sera difficile tant la méfiance politique bride toute initiative.

Corruption, fraude électorale ont discrédité l’Etat et dévitalisé la société.

Il reste que des forces capables d’animer une épopée à la mesure des grands moments de notre histoire existent.

La résistance citoyenne avait sauvé la nation au moment où les institutions cédaient devant le terrorisme.

Le message d’espérance de feu le président Boudiaf avait aussitôt réveillé la conscience des cadres et fait écho aux aspirations de la jeunesse.

Dans un climat de glaciation politique, l’opposition démocratique se bat, défend et élargit les espaces de liberté et offre aux Algériens une alternative démocratique et sociale digne des valeurs et sacrifices  qui avaient mené à l’indépendance.

Notre projet est réaliste. Il organise les urgences et définit les projections pour une société de justice et de progrès. Enfin, les ressources à mobiliser pour lancer une dynamique de développement démocratique sont identifiées.

On le voit, l’écrasante majorité de ces propositions peuvent constituer un compromis    pour un débat transpartisan et, éventuellement, déboucher sur un menu pour un programme alternatif consensuel qui peut meubler une phase transitoire à définir.

Les cadres marginalisés ne demandent qu’à se mettre au service de leur pays.

Une diaspora en nombre et en qualité appréciable peut accompagner notre projet avec dévouement et compétence si une représentation nationale légitime l’associe dans son programme.

C’est dire que l’Algérie, en dépit de nombreux gâchis, a les moyens nécessaires à la maîtrise de son devenir et de son rayonnement régional et international.

En vérité, ce qu’a dit l’opposition a toujours fini par se réaliser. Pluralisme politique, question identitaire, ouverture économique…. Le problème est que la réactivité du Pouvoir est trop limite et, hélas, souvent de mauvaise qualité.

Combien faudra-t-il attendre pour voir démarrer les chantiers de la refondation de l’Etat, des réformes bancaires et fiscales, des dossiers du foncier, de la refonte de l’école, de l’ouverture du secteur audiovisuel et de tant d’autres urgences. Nous constatons, enfin, que notre pays et en dépit des apparences, qu’il y a moins de divergences sur le contenu que sur le rythme et la ………

L’opposition a pu être impatiente. Le pouvoir a sans doute été trop lent.

Seul un débat sérieux, sincère et responsable peut aider la Nation à trouver la juste voie. C’est l’un des messages de ce Congrès. J’espère du fond u cœur qu’il sera entendu.

Je vous remercie.

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