Le Conseil national du RCD s’est réuni en session ordinaire, le 07 octobre 2016, à Alger. Il a eu à examiner, dans son ordre du jour, la situation politique dans la perspective des échéances électorales de l’année 2017 et les questions organiques.
En ce vingt-huitième anniversaire des événements d’octobre 1988 où l’Armée algérienne a tiré sur la jeunesse pour protéger un régime qui a confisqué la souveraineté du peuple par la dictature, tous les indicateurs de la situation du pays indiquent qu’aucune leçon n’a été tirée de cette tragédie. L’érosion continue du pouvoir d’achat de larges couches de la population sous l’effet conjugué d’une dévaluation du dinar, de l’augmentation des prix de la plupart des produits et des services et de la stagnation des salaires est annonciatrice de graves troubles sociaux. L’austérité organisée autour des investissements structurants dans la Loi de Finances 2016, et reconduite avec plus de rigueur dans le projet la LFC 2017, ne peuvent que faire le lit d’une révolte aux conséquences incalculables au vue de la mise au pas de tous les instruments de médiation, des cadres de recours et d’une situation régionale porteuse de dangers et qui mobilise une part importante des moyens de l’Etat.
Sur tous ces sujets, les rapports des représentations régionales du parti notent les inquiétudes des populations devant la dégradation des conditions de vies, les difficultés grandissantes de l’accès aux soins, le chômage endémique des jeunes y compris les diplômés et la démission de l’Etat devant la corruption et les détournements opérés au grand jour où la prolifération de phénomènes de violence organisée et de la drogue.
S’agissant des échéances électorales programmées pour l’année 2017, le débat suscité par cette question a permis au président du RCD de revenir sur l’intervention du parti depuis le dernier Congrès et le combat politique pour l’avènement d’une transition démocratique négociée pour construire une voie pacifique qui redonne sa souveraineté au peuple algérien. L’adoption par l’essentielle de l’opposition d’une plate-forme qui fixe les principes et les instruments d’une telle démarche démontre qu’une alternative au chaos programmé par l’autoritarisme et la politique d’exclusion en vigueurs existe. La concrétisation du rapport de force demeure l’objectif à construire.
Fort de son autonomie, le RCD a fait tout ce qui est en son pouvoir et des moyens dont il dispose pour aller plus loin dans l’organisation de la pression sur le pouvoir afin de l’amener à l’inscrire dans un tel agenda. Comme à l’accoutumée, la constitutionnalisation d’une commission de surveillance des élections participe à vider de sa substance notre proposition qui constitue le cœur du document de Zeralda.
Le Conseil national du RCD estime que le choix d’une normalisation autoritaire qui couronne l’interdiction des activités publiques des partis de l’opposition, des marches et rassemblements ainsi que « l’épuration » programmée dans les médias privés ne peut être la solution devant les revendications de liberté, de justice et de démocratie du peuple algérien. Les fraudes électorales ne suffisent plus, les nouvelles lois organiques promulguées, après l’adoption despotique de la nouvelle constitution, constituent un premier pas de la remise en cause du multipartisme.
Si la participation aux élections locales de l’automne prochain n’a suscité, relativement, aucun débat tant l’implication des cadres du parti dans la gestion des structures de proximité est une position constante de notre Rassemblement, le rendez-vous législatif a donné lieu à des échanges qui mettent au centre la visibilité du parti, son élargissement, sa crédibilité et la nécessité d’être aux côtés des catégories sociales qui luttent pour leur émancipation, l’amélioration des conditions de vie et un meilleur cadre pour la création de la richesse.
Le vote sur cette question a entériné, a une grande majorité, la décision de participer aux élections législatives programmées pour le printemps 2017. Malgré les abus, les désinformations et les provocations brutales visant notre Rassemblement, les membres du CN ont tenu à rappeler que le RCD a souvent opté pour une participation aux élections pour avoir une visibilité et une présence dans un moment de doute et de congélation politique qui ne laissait pas d’autre alternative et pouvoir porter sur le terrain le projet démocratique et donner les réponses justes et adéquates aux revendications citoyennes qui existent dans notre bilan et parcours.
Devant un pouvoir de fait, nous avons à tout moment fait des propositions pour que la crise de légitimité qui plombe la vie politique du pays et son développement, depuis 1962, et se dénoue de manière pacifique et organisée. Nous avons mis en garde contre la manipulation de l’islamisme et les dérives qui nourrissent le régionalisme et le repli sur soi. Aujourd’hui plus que jamais les populations sont en proie au doute à cause d’un tissu social fragilisé par les injustices, des perspectives économiques compromises par la gestion clientéliste de la rente pétrolière, le désespoir d’une jeunesse qui fuient le pays et une situation régionale qui risque de balayer l’essentiel des acquis de la lutte d’indépendance victorieuse du peuple algérien.
Le RCD ne peut simplement se prévaloir d’avoir alerté sur les questions qui fondent une démarche de la construction d’un Etat national qui consacre la citoyenneté et libère les énergies de notre peuple et de sa jeunesse. La raison est simple. Nous sommes d’abord un parti de militants qui aspirent à restaurer l’espoir en remettant à l’honneur le message de Novembre et de la Soummam.
Enfin, à la clôture des travaux, le président du RCD a invité les membres de Conseil national à organiser des assemblées générales dans les wilayas pour décliner les conclusions de cette session, débattre et mettre le parti en ordre de bataille pour ces échéances et la tenue du prochain congrès statutaire qui aura lieu à la fin du premier semestre de l’année 2017.
Le Conseil National du RCD
Alger, le 08 octobre 2016