Banner

Résolutions du Conseil National du RCD Session ordinaire du 28/01/1993

Le Conseil National du RCD a tenu sa session ordinaire le jeudi 28 janvier 1993 à Alger, avec pour ordre du jour: le prochain congrès ordinaire et l’examen de la situation politique dans le pays.

Les événements qui secouent l’Algérie, en particulier les questions sécuritaires, rendent quasiment impossible une vie publique sereine. La préparation du congrès est, de ce fait, particulièrement difficile. Sur proposition du Comité Exécutif, le Conseil National décide de reporter à la fin de l’année en cours le deuxième congrès ordinaire du RCD.

Abordant l’examen de la situation générale dans le pays, le Conseil National constate que l’année écoulée a été exceptionnelle et tragique au regard des différents événements qui l’ont marquée tels le départ de Chadli Bendjedid, le retour puis la disparition de Mohamed BOUDIAF, l’explosion du terrorisme, le désenchantement dans la société.

Malgré le désarroi chronique qui affecte les citoyens, une évolution est perceptible sur deux points:

– l’ensemble du personnel politique ainsi que la société civile conviennent qu’il est vital de consommer la rupture. Bien que diversement interprétée en tant que concept, cette rupture est vécue par l’opinion, aussi bien nationale qu’internationale, comme un préalable à la crédibilité du pouvoir.

– une décantation s’opère. Alors qu’il y a un an la réconciliation, au demeurant hypothétique, était le crédo de certains acteurs de la classe politique, il est généralement admis aujourd’hui qu’il existe deux projets de société antagonistes, l’un symbolisant la modernité avec pour cadre de réalisation un état républicain, l’autre la régression qui gère le pourrissement à travers la surenchère et la démagogie.

Si l’Algérie active ne s’implique pas et ne se mobilise pas rapidement, les risques de récupération du mécontentement par le populisme sont réels.

Le Conseil National a longuement débattu de la manière de sortir l’Algérie de l’impasse actuelle. La lutte résolue contre la violence et le terrorisme ne doit pas servir de prétexte à renforcer le pouvoir en place, lui-même obstacle à toute avancée décisive dans le sens de la libération politique du pays.

Le Conseil National estime que l’encadrement algérien, qui anime les institutions de l’Etat à tous les niveaux et gère le devenir national, est le seul recours possible pour garantir la stabilité et l’unité du pays, son émancipation économique, sociale et culturelle, à travers un projet de société moderne, réconciliant l’Algérie indépendante avec son combat libérateur qui était, avant tout, un élan vers la modernité.

En tant que parti de réflexion et d’action, le RCD a toujours inscrit sa démarche dans le sens des convergences républicaines à travers les nombreuses actions qu’il a eu à initier par le passé. A ce titre, la Plate-Forme produite par le Dr Saïd SADI est une bonne opportunité pour

la mobilisation de l’Algérie marchante autour d’un projet de société clairement défini. Il reste à travailler à sa diffusion, à son explication, en vue de regrouper concrètement les forces vives du pays qui doivent libérer l’Algérie de la classe bureaucratique et de la surenchère populiste.

L’Algérie a tous les moyens de son développement pour peu que la responsabilité et le courage politiques trouvent à s’exprimer dans les centres de décision.

A ce propos, le Conseil National considère que l’action du gouvernement Abdesselam renvoie à une conception archaïque des méthodes de gestion. Les partenaires sociaux et économiques, nationaux et étrangers, restent méfiants à l’égard d’une politique qui a montré toutes ses limites en Algérie et dans le monde. L’obstination à vouloir réhabiliter la gestion des années 70 ne peut qu’aggraver les désordres économiques et les tensions sociales.

Le réalisme et le courage politiques consistent à ne pas reproduire les erreurs du passé et à s’attaquer à leurs effets. Les différents chantiers, ignorés ou mal gérés, doivent être repris en mains globalement et rapidement. L’Ecole a besoin d’être re-créée : c’est une urgence. La réforme structurelle du développement en est une autre, le colmatage par l’apport d’argent frais étant rarement  une solution suffisante.

Sans céder à la tentation de la surenchère ni au dénigrement vociférant, le RCD estime que l’année 1993 doit être immédiatement projetée par des actions précises et clairement identifiées en vue de permettre au pays de précipiter la décantation politique et de réaliser la rupture afin de parvenir à une stabilité des institutions. De ce point de vue, le Conseil National estime que l’idée de l’amendement constitutionnel par voie référendaire, au demeurant nécessaire, demande plus de clarification. S’il est vrai que l’actuelle Constitution représente un handicap national majeur et que la « Constituante » serait une aventure dont le pays ne se remettra plus, un référendum ne peut être apprécié en soi. Ce sont la qualité et le nombre des amendements ainsi que la date du scrutin qui sont les principaux critères d’appréciation d’une telle opération.

C’est la reprise en mains de la situation transitoire qui permettra enfin d’aller vers une consultation électorale libre qui, pour l’instant, n’est hélas pas possible.  Par ailleurs, ces perspectives électorales demandent réflexion et imagination pour des modes de scrutin plus adaptés à la réalité socio-politique du pays.

Le Conseil National est convaincu que seuls la constance et l’effort dans l’action politique peuvent permettre à l’Algérie de concrétiser ses ambitions historiques. La guerre de libération a été un exemple dans la lutte de la décolonisation. De tous les pays anciennement colonisés, l’Algérie est celui qui a les plus grandes  potentialités humaines et naturelles pour organiser son développement dans un cadre démocratique et républicain. La réalisation d’un tel dessein suppose la mobilisation du capital humain prioritairement impliqué dans la gestion et qui a été jusque-là éloigné des centres de décision politique.

Il s’agit là d’un projet historique qui interpelle une nouvelle génération de cadres. C’est à l’animation de la mobilisation de cet encadrement que le RCD a, depuis longtemps, consacré ses plus grandes énergies. Il s’agit de demeurer fidèles à la même stratégie, maintenant que l’Algérie marchante a reçu et compris le message du RCD, aujourd’hui reconnu comme parti national capable d’apporter aux problèmes du pays des solutions concrètes et réalisables.

Alger, le 28 janvier 1993

LE RCD

Autres actualités

Contribution

Focus Vidéo

Boîte à Idées

Archives du site