Le Conseil National du RCD, élargi aux cadres du parti, s’est réuni en session extraordinaire le 23 Août 1996 à Béjaïa. Il a eu à :
– évaluer les travaux des Commissions mixtes,
– se pencher sur l’aspect organique du parti,
– préparer la rentrée sociale et politique.
Après avoir entendu un exposé du Secrétaire Général sur la situation qui prévaut dans le pays, les derniers développements enregistrés et les raisons qui ont amené le RCD à se rendre au Club des Pins pour y exposer et défendre les positions des démocrates, les participants ont débattu avec les responsables mandatés aux différentes Commissions.
Les participants se sont félicités de la qualité du travail fourni par ses représentants pendant toute la durée des travaux. La voix et les attentes des patriotes algériens ont trouvé à travers eux les défenseurs qu’appelait la réhabilitation des messages de Novembre et de la Soummam.
Le RCD considère qu’en dépit de réelles insuffisances et contraintes, le débat du Club des Pins constitue une avancée pour la vie publique de l’Algérie indépendante. La défense des options démocratiques a redonné leur véritable sens aux repères historiques à travers lesquels notre peuple s’est émancipé ; repères qui ont été longtemps confisqués, détournés puis pervertis par les tenants de l’hégémonie populiste qui ont mené le pays à la crise actuelle.
Les échanges, sereins ou tendus, qui ont marqué les débats dans les Commissions ont permis de disqualifier le terrorisme politique qui a stérilisé la vie publique pendant plus de 30 ans. La perspective démocratique est désormais assumée par l’ensemble de la classe politique en tant qu’exigence populaire et prolongement naturel de la Proclamation du 1er Novembre et de la Plate-forme de la Soummam.
La réappropriation de la religion et sa restitution à sa vocation originelle en tant que culte, porteur de tolérance et de générosité, extérieur au champ politique, est un acquis considérable du peuple algérien. Outre le désaveu des citoyens, les manipulations criminelles de l’Islam, aux conséquences sanglantes, seront désormais confrontées à la rigueur de la Loi.
La réhabilitation de l’Amazighité à travers sa triple dimension de langue, culture et histoire est le meilleur signe que la réconciliation de l’Algérie avec elle-même est possible. Il reste, cependant, à enregistrer dans la Plate-forme de l’Entente Nationale la nécessaire prise en charge constitutionnelle de la langue amazigh à travers des dispositions statutaires claires.
Le principe de la rigueur économique et des réformes sociales qui doivent garantir une répartition équitable des sacrifices qui sanctionnent, pour l’heure, les catérogies les plus exposées connaît un murissement salutaire dans l’opinion pubique. Il s’agit de traduire cette évolution par des dispositions adaptées qui valorisent la performance et réhabilitent la justice sociale.
Ces incontestables avancées démocratiques révélées et assumées publiquement pour la première fois depuis l’Indépendance dans une enceinte officielle demandent à être clarifiées dans la version finalisée des textes. En effet, le RCD a eu à relever des incohérences, des contradictions, voire même des rajouts dans certaines transcriptions qui peuvent altérer ou, plus grave, remettre en cause l’orientation générale des recommandations telles qu’elles ont été exprimées au Club des Pins où a prévalu l’idée d’un nouveau système politique fondé sur « une culture démocratique et le respect des principes républicains ».
Par ailleurs, le Secrétaire National à l’Organisation, après avoir fait le bilan de la restructuration organique du parti, lancée en Janvier 1996, a soumis à débat l’idée d’un Congrès. Compte-tenu de la nouvelle loi sur les partis politiques qui devrait consacrer une redéfinition du paysage politique avec des congrès constitutifs pour l’ensemble des formations, les participants ont opté en faveur d’une initiative intégrant les énergies à la périphérie du parti. Le Conseil National aura à procéder à un travail d’adaptation des instances dirigeantes et de renouvellement des structures de bases.
Avant la clôture de la session extraordinaire, le RCD a décidé de la création de trois commissions chargées respectivement :
– du suivi de la finalisation des rapports des Commissions mixtes,
– de la préparation du Conseil National chargé de la réorganisation du parti en attendant le prochain congrès,
– de l’élaboration du programme d’action à l’occasion de la rentrée sociale.
Le RCD est plus que jamais persuadé que le regroupement des forces vives du pays est possible. Il attend en toute responsabilité et dans la vigilance de connaître avec précision la teneur de l’ensemble des documents soumis à la Présidence de la République, notamment la Plate-forme de l’Entente Nationale, dans leur version finalisée, pour se déterminer quant à sa participation éventuelle à la Conférence Nationale.
Alger, le 26 Août 1996
LE R.C.D.
