Le conseil national du RCD s’est réuni en session extraordinaire le 16 décembre 2011 à Alger.
Le Conseil national a été convoqué suite à la multiplication des agressions et pressions de l’Administration sur les structures de base du parti et pour évaluer les implications de l’impasse politique caractérisée par l’instabilité sociale, les menaces que font peser les dernières lois sur les libertés individuelles et collectives et les errements diplomatiques constatés tout au long de l’année 2011.
Sur le plan politique, les projets de lois avalés par le parlement signent la volonté de réintroduire les méthodes du parti unique dans la vie politique.
Le chantage à l’islamisme, affiché par le régime se traduit dans les faits par le sponsoring systémique des différents courants fondamentalistes. Chaque centre de décisions du pouvoir, présidence ou DRS, sollicite, regroupe et mobilise ses factions pour s’assurer contrôle, reconnaissance et, éventuellement, protection de la future majorité parlementaire. Les manipulations médiatiques qui visent à accréditer l’idée que le régime serait un barrage contre l’extrémisme religieux sont battues en brèche par la réalité politique. Concrètement, une majorité formelle des islamistes au parlement ne serait que l’officialisation d’un concubinage établi depuis des décennies.
Sur le plan diplomatique, le pouvoir algérien navigue sur des trajectoires où se croisent provocations, soumissions et reniements.
Après avoir soutenu le Président yéménite et le colonel Kadhafi jusqu’à l’ultime seconde, Alger tente de s’en démarquer après les pressions occidentales et les admonestations qataries. On peut estimer que le même revirement s’appliquera au dossier syrien.
Une fois actionnés tous ses relais politico-médiatiques pour dramatiser et disqualifier le changement en Tunisie, le pouvoir déroule le tapis rouge au responsable du parti islamiste ENNAHDA donné quelques semaines auparavant comme la charge explosive de la bombe intégriste dans la région.
Exigeant la repentance de la France, le chef de l’Etat n’a rien trouvé de mieux que d’envoyer à Paris son ministre des Affaires étrangères pour justifier ses réformes devant le parlement français.
Bousculé par une scène nationale sous tension, cerné par des dynamiques alternatives régionales, le régime algérien achète sa survie en hypothéquant la souveraineté économique par des concessions aussi indignes que dangereuses. La loi sur les hydrocarbures est brusquement remise en cause, l’intégration dans le projet Desertec s’est faite dans des conditions particulièrement opaques et confuses. Enfin, une délégation du patronat français arrive pour exploiter les opportunités financières en matière de conseils et services, remettant à plus tard les chantiers impliquant investissements et transfert de technologie.
Sur le terrain, une fois passé les effets d’annonces, les Algériens constatent la détermination du régime à verrouiller davantage la vie publique et continuer de disposer sans le moindre contrôle de la ressource nationale pendant que les institutions disqualifiées se délabrent les unes après les autres.
Le Conseil constitutionnel, dont le mandat est arrivé à terme depuis de longs mois, est toujours sans président. L’année judiciaire n’est toujours pas ouverte et la rentrée universitaire est entamée officiellement par le chef de l’Etat la veille des vacances d’hiver, dans des circonstances ubuesques.
Les informations transmises par les structures locales et régionales du Rassemblement font état d’une exacerbation de l’instrumentalisation de l’administration qui s’emploie à réprimer ou interdire des actions politiques de l’opposition en violation de la loi.
Militants interpellés lors d’activités organiques, assemblées élues de l’opposition bloquées dans l’exercice de leurs missions, justice mobilisée pour menacer ou sanctionner des acteurs de la scène culturelle ou économique considérés proches du Rassemblement, constituent une stratégie qui prolonge le blocage et la répression des manifestations de l’hiver et du printemps 2011.
Pendant ce temps, les citoyens livrés à eux-mêmes sont condamnés à recourir encore et toujours à la protestation de rue ou la grève sauvage pour préserver un pouvoir d’achat réduit au strict minimum et, depuis ces derniers mois, rogné par une inflation débridée.
Par ailleurs, les bureaux régionaux alertent sur la précipitation de l’aggravation des conditions d’existence de la jeunesse frappée de plein fouet par le sous emploi et exposée à tous les fléaux dont la délinquance et la toxicomanie ne sont pas des moindres.
C’est dans cette conjoncture que le système s’apprête à rééditer une opération électorale réglée par les quotas distribués par les officines.
Le RCD réitère une conviction inébranlable sur les principes et les procédés devant présider au choix des représentants du peuple et la construction d’institutions stables et légitimes, si l’on veut libérer l’Algérie du système qui la blesse, l’humilie, la déstabilise et la bride depuis 1957.
Les élections algériennes, marquées par les fraudes récurrentes, seront toujours sanctionnées par une abstention massive si elles relèvent d’une administration aussi partiale qu’incompétente.
L’heure n’est plus aux démagogies populistes agitant une souveraineté régulièrement bradée par les improvisations diplomatiques et les concessions économiques.
Seule une surveillance internationale massive et qualifiée permettra de ramener mobilisation citoyenne et crédit politique aux élections dans notre pays. Exigée depuis de longues années par le RCD, cette surveillance, récemment acceptée du bout des lèvres par le pouvoir est, maintenant, l’objet de tergiversations diplomatiques et de contestations politiciennes de la part des bénéficiaires des quotas anciens ou nouvellement recrutés.
Cette condition, couplée à l’impératif d’un cahier des charges posant les fondamentaux démocratiques en tant que préalables non négociables s’imposant à tout compétiteur, déterminera la position du RCD quant aux prochaines échéances électorales.
Une page se tourne dans notre histoire politique. Le combat appelle concertation et adaptation méthodologique. Le Conseil national, prenant acte de la stratégie de fermeture opposée aux légitimes revendications des citoyens, a décidé de la tenue du quatrième Congrès du Parti au cours du premier semestre 2012 pour apprécier et traiter au plus prés des exigences patriotiques la période actuelle.
Le Conseil national extraordinaire tenu le 16 décembre constate que plus d’un demi-siècle d’échecs de violences, d’opacités et de régressions n’ont pas suffi à faire admettre à la caste dirigeante que le système responsable d’un tel désastre est condamné par l’Histoire, les exigences politiques nationales, les évolutions régionales et les nouvelles relations internationales.
Le RCD fait le choix de la lucidité et du patriotisme. Il en appelle à l’ensemble des citoyens pour se mobiliser, chacun à son niveau, afin d’engager, pendant qu’il en est encore temps, le pays dans un changement démocratique et pacifique.
Alger, le 17 décembre 2011
Le RCD