Le Conseil national du RCD s’est réuni en session ordinaire le 08 septembre 05.
Deux points figuraient à l’ordre du jour:
1-la rentrée politique et sociale, dominée par l’annonce du référendum du 29 septembre et la perspective des partielles en Kabylie;
2-La conjoncture internationale.
Le Conseil national constate que le despotisme politique étouffant la vie publique depuis le 8 avril 2004 se double d’un marasme social qui affecte des catégories de plus en plus larges. Dans le même temps, un Etat parallèle se met en place, recrute ses clientèles, squatte les structures publiques et détourne l’argent du contribuable, privant ainsi l’Algérie de représentations politiques et syndicales à même de construire un projet économique efficient.
C’est dans ce contexte politique et social qu’une charte appelant à la réconciliation nationale et la paix est soumise à référendum. Programme pour les crises à venir, le texte – véritable coup d’Etat institutionnel – qui se revendique de la paix, vise en fait l’instauration d’un pouvoir absolu.
Trois points essentiels caractérisent la substance du document:
Le mandat illimité donné par le peuple au chef de l’Etat pour ‘’prendre toutes les décisions » sur la base d’un dispositif volontairement confus ; ouvrant la voie à l’abus et l’arbitraire ;
La garantie de l’immunité pour les services de sécurité et la confirmation de l’impunité pour les terroristes;
L’interdiction définitive d’évoquer le terrorisme.
Soufflant sur la braise, le chef de l’Etat qui s’est intronisé arbitre d’un drame, avant tout conséquence d’un régime où il a occupé les plus hautes responsabilités, juge, condamne et décrète que ‘ ‘la guerre civile qui a endeuillé les Algériens, renvoie à l’irresponsabilité des islamistes et des laïcs ».
Le RCD salue l’ensemble des Algériennes et des Algériens qui ont permis à la Nation de survivre au naufrage causé par un régime d’intrigues et de prédations. Il rappelle, solennellement, que l’Algérie a été victime d’une entreprise de déstabilisation aux ramifications internationales désormais avérées.
La ligne de démarcation ne sépare pas les bons et les mauvais musulmans, mais les résistants et les déserteurs dans une phase historique vitale pour l’Algérie. En déclarant que le référendum prolongeait la loi sur la concorde civile, le chef de l’Etat s’enfonce dans l’incohérence et dévoile une gestion politique marquée par l’improvisation et la confusion.
La réconciliation nationale a toujours précédé la concorde, ultime stade de cohésion, de stabilité et d’apaisement de segments sociaux préalablement réconciliés.
Aucun pays ayant subi des crises comparables n’a réglé ses problèmes par les fraudes, l’oubli et l’impunité; c’est-à-dire la fuite en avant. Dans ce type de situation, le débat public et la justice se sont partout et toujours révélé être des préalables à la prévention et au règlement des crises.
- Nul n’a le droit de nier une résistance citoyenne inscrite dans les pages les plus dignes de notre Histoire.
-Nul ne peut empêcher les Algériens de traiter en toute lucidité du dossier des disparus.
-Nul ne nous privera de faire le bilan politique, économique et social de dirigeants qui ont mené à la ruine une nation destinée à être un exemple de développement dans le Sud.
En s’imposant comme unique acteur et juge dans un référendum joué d’avance, le chef de l’Etat confirme ses visions autocratiques et laisse paraître des inquiétudes qui en appellent à une idolâtrie consacrée par des plébiscites préfabriqués et récurrents.
Par ailleurs, la polémique entretenue sur les crimes coloniaux ne trompe personne. Un chef d’Etat est dans son rôle quand il exige des adversaires d’hier de reconnaître leurs crimes. Mais il est pour le moins paradoxal de demander à un ennemi une repentance sur les crimes que l’on livre à l’oubli dans son propre pays.
Le 29 septembre au soir, l’Algérie sera mise devant une fraude de plus et le terrorisme, qu’aucun décret au monde n’a pu réduire, rebondira de plus belle sur une opération qui aura eu pour seul effet d’avoir affaibli les ressorts civiques et moraux de la Nation.
Après les luttes et les putschs d’après-guerre qui ont mené à la dérive intégriste, l’Algérie se voit aujourd’hui engagée dans une régression politique et sociale et un négationnisme qui insultent sa mémoire et hypothèquent son avenir. Aucune fraude électorale n’a constitué une solution aux problèmes de notre temps. Dans le cas de notre pays, des responsables politiques dignes de ce nom, se devaient d’assumer et de consolider les acquis démocratiques arrachés par le peuple, d’honorer une résistance citoyenne exemplaire et d’assumer les abus des commis de l’Etat mis devant des situations intenables et inédites.
Dans sa préparation, son organisation et ses implications politiques, le référendum du 29 septembre est, à la fois, un anachronisme et un danger pour la nation.
Au delà du boycott, le RCD invite les Algériennes et les Algériens soucieux de la paix, de la stabilité et de l’honneur de leur pays à ignorer cette échéance en la disqualifiant par tous les moyens pacifiques.
C’est dans ce climat de reniement et de répression que sont programmées des élections partielles en Kabylie.
Convaincu de l’impossibilité de mener une campagne électorale digne de ce nom, dans une agression sanglante qui a fauché les dizaines de jeunes innocents, le RCD avait, en son âme et conscience, boycotté les élections locales en 2002. Après avoir validé une consultation des plus contestables, le pouvoir change de tactique, découvre au bout de trois ans la faible participation de la population, dissout illégalement les APC et les APW de Kabylie tout en maintenant en place les députés et les membres du Conseil de la Nation.
Le RCD n’a ni souhaité ni appelé à ces élections partielles. Après un long débat dans ses structures, il a décidé de s’engager dans ce scrutin pour:
redonner aux populations de Kabylie la possibilité de voir leurs affaires gérées dans le respect, la transparence et l’efficacité;
enrayer la stratégie de désintégration régionale projetée à travers la manipulation de la délinquance, la corruption et la pollution de l’administration.
En réalité, l’organisation des élections partielles en Kabylie est la première application d’une charte qui consacre le pouvoir absolu. En programmant la neutralisation de la Kabylie , le pouvoir cherche à intimider les autres sources de contestation potentielle et affirmer sa volonté de niveler la scène nationale, dès lors qu’une région, à l’origine d’initiatives émancipatrices, aura été soumise. La concentration des éléments des services de sécurité et les masses
d’argent destinées à dévoyer la société n’ont d’égal que l’indignité du contre-développement programmé en Kabylie.
Seule une mobilisation solidaire, massive et déterminée peut contenir ce plan diabolique.
Préserver la représentation populaire en Kabylie aujourd’hui, garantira l’élection de 2007 dans la région et au-delà. Une maîtrise intègre et autonome du pouvoir local sera un message d’espoir à toutes les régions.
Sur le plan international, le RCD déplore l’inconséquence du régime algérien, tenté par des stratégies de manipulation du phénomène terroriste au moment où le monde engage un combat faisant enfin écho aux mobilisations citoyennes de notre peuple.
Ces manœuvres ont un coût : les dirigeants algériens font payer chèrement au pays le prix de leurs égarements . Le bradage de nos intérêts économiques et positions géostratégiques sanctionne toutes les négociations. De concessions en concessions notre Etat, réduit au statut de protectorat, aliène sa souveraineté pour faire admettre une gestion politique hors d’époque . Nos partenaires, qui s’interdisent tout investissement en Algérie, monnaient leur silence devant les abus despotiques en imposant leurs décisions à un régime miné par son illégitimité.
En 1954, la faction éclairée du mouvement national a pris la décision d’extraire le destin algérien des impasses et des compromissions de dirigeants dépassés. Au début des années 90, faisant écho aux patriotes de Novembre et de la Soummam , des Algériens ont sauvé leur pays d’un naufrage certain. Le RCD a joué son rôle avec loyauté et détermination dans cette épopée. Un despotisme médiéval consacre ouvertement et pour la première fois depuis l’indépendance, une alliance entre les factions archaïques du régime, l’islamisme radical et des segments importants des services de sécurité , mettant en péril la cohésion nationale.
La difficulté de l’entreprise est réelle. Il n’y a pourtant pas d’autres solutions que de reprendre, une fois de plus, les chemins de la résistance patriotique. C’est à cette voie salutaire que travaille le RCD.