
Le départ des mercenaires russes du groupe Wagner du Mali marque la fin d’un épisode aussi brutal qu’illusoire dans la guerre contre les groupes armés qui gangrènent le Sahel. Réclamée par la junte militaire malienne pour combler le vide laissé par le retrait français, la présence de Wagner devait incarner une nouvelle ère d’efficacité militaire et de souveraineté retrouvée. Elle n’aura finalement produit qu’un regain de violences, une internationalisation désordonnée du conflit, et une géopolitique régionale de plus en plus éclatée.
Le bilan de Wagner au Mali est lourd. Si des opérations musclées ont permis quelques victoires tactiques, elles se sont accompagnées de violations systématiques des droits humains, notamment lors des événements de Moura en 2022, où plusieurs centaines de civils ont été exécutés. La stratégie d’éradication immédiate, menée sans ancrage local ni légitimité politique, a non seulement échoué à restaurer la paix, mais a aussi contribué à l’ancrage durable de la menace djihadiste dans des zones autrefois sous contrôle partiel de l’État.
Dans les coulisses de ce départ, un acteur discret mais paraît il déterminant a émergé : l’Algérie. En retrait depuis l’installation de la junte, marginalisée dans le nouveau jeu sahélien, Alger a semble il pesé, avec subtilité, sur la décision de Moscou de reconfigurer la présence de Wagner au Mali. Grâce à ses liens stratégiques solides avec la Russie, renforcés par des coopérations militaires et énergétiques, l’Algérie aurait plaidé en faveur d’un retrait progressif, arguant du risque de contagion déstabilisatrice sur sa frontière sud.
Toutefois, ce rôle d’influence indirecte ne saurait masquer une réalité plus rude : l’Algérie a perdu en centralité diplomatique. Jadis médiateur incontournable dans les crises régionales, garant de l’Accord d’Alger de 2015, elle a vu son poids s’effriter face à la montée d’acteurs plus agressifs et opportunistes.
Parmi ces nouveaux prétendants à l’influence sahélienne figurent la Turquie et les Émirats arabes unis, dont l’activisme dans la région s’est intensifié depuis le retrait occidental. Ankara, à travers une diplomatie offensive mêlant aide militaire, formation sécuritaire et investissements, cherche à s’implanter durablement dans le Sahel, avec le double objectif de contrecarrer les ambitions françaises et de bâtir un arc d’influence reliant l’Afrique de l’Ouest à la Corne de l’Afrique. Les Émirats, quant à eux, ont discrètement soutenu certains régimes militaires, en particulier au Mali et au Tchad, tout en développant une présence économique et logistique, notamment via des contrats sécuritaires et des appuis financiers.
Face à cette recomposition, l’Algérie reste sur la défensive. Son attachement au principe de non-ingérence, son obsession pour la stabilité interne et sa méfiance envers les alliances trop ouvertes l’ont conduite à un positionnement hésitant. Son discours officiel appelle au dialogue inter-malien et à la paix régionale, mais ses leviers d’action apparaissent affaiblis. Pour redevenir un acteur structurant, Alger devra assumer un rôle plus visible, renforcer sa coordination avec les États du voisinage, et réactualiser sa doctrine sahélienne à l’aune des nouvelles réalités géopolitiques.
Le départ de Wagner n’est pas un gage de stabilité pour le Mali. Il ouvre un vide que d’autres puissances chercheront à combler, dans un contexte d’instabilité régionale croissante. La junte malienne, isolée mais toujours en quête de soutiens alternatifs, pourrait approfondir ses relations avec Ankara ou Abou Dhabi, tout en maintenant ses liens avec Moscou via d’autres canaux que Wagner. La Russie, de son côté, pourrait réorienter son influence en s’appuyant sur une diplomatie plus conventionnelle, tout en restant présente via des contrats militaires étatiques.
Dans ce jeu mouvant, le Sahel devient un laboratoire d’influences où les puissances régionales et extra-régionales testent leurs stratégies de projection. Le départ de Wagner ne marque donc pas la fin d’une ingérence, mais le passage à une nouvelle phase, moins spectaculaire, mais tout aussi structurante.
En définitive, la question qui demeure est celle de la résilience politique et institutionnelle des États sahéliens eux-mêmes. Ni Wagner, ni la Turquie, ni les Émirats, ni même l’Algérie ne pourront imposer une stabilité durable sans une reconfiguration interne fondée sur l’inclusion, la justice et la légitimité politique. Mais à l’inverse de certaines puissances extérieures qui projettent leurs intérêts géostratégiques ou économiques, l’Algérie ne cherche ni à spolier les richesses ni à s’imposer aux peuples de la région. Sa seule ambition, réelle et constante, est d’éviter l’effondrement de son voisinage immédiat.
Le retrait de Wagner, en creusant un vide sécuritaire, offre paradoxalement à Alger une opportunité historique : celle de revenir dans le jeu sahélien en tant que force d’équilibre. Encore faut-il que l’Algérie sache adapter sa posture, sortir de sa réserve diplomatique et assumer, dans cette nouvelle phase, un rôle plus affirmé de médiateur crédible et d’acteur régional stabilisateur. Car dans la reconfiguration qui s’annonce, l’influence ne se décrète pas : elle se reconstruit, par la constance, la proximité, et la capacité à parler à tous sans chercher à dominer personne.
RCD Algérie
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