Le 15 novembre 2005 un conseil national extraordinaire du RCD s’est tenu dans le prolongement de deux rencontres du Secrétariat national pour débattre de l’élection présidentielle d’avril 2009, accouchée d’un viol de la Constitution.
Ce document a une triple vocation :
- continuer à produire pour enraciner et élargir des traditions de l’écrit dans la classe politique algérienne rongée par l’improvisation et les aléas de l’oralité ;
- rappeler, dans une société sans repères ni, hélas, mémoire, que des partis politiques algériens sans grands moyens et opposés au pouvoir fonctionnent démocratiquement ; c’est à dire selon les dispositions statutaires qu’ils se sont donnés à leur congrès ;
- offrir un témoignage écrit sur une échéance électorale dont on peut considérer qu’elle marque, plus que d’autres, à la fois l’incapacité du système à s’adapter à un bouleversement politique, culturel et démographique du pays et l’audience d’un parti pour lequel le citoyen, par ailleurs exaspéré par les fraudes, accorde toujours crédit et attention.
Enfin, ce travail ambitionne de neutraliser ou au moins diluer l’acidité des commentaires « d’observateurs » inspirés par un certain cynisme qui, relayant le discours officiel, s’évertuent à condamner l’opposition démocratique pour manque de visibilité au motif… qu’elle n’apparaît pas à la télévision nationale.
Les interventions qui suivent, sans être exhaustives des débats du 15 janvier, se veulent être une réponse au défaitisme et une reconnaissance aux militants anonymes qui furent, tout au long de ces années de démissions et de compromissions, des semeurs d’espoir.
Le Conseil national extraordinaire du RCD tenu le 15 janvier 2009 a arrêté deux positions :
– le rejet du processus électoral d’avril 2009 ;
– le gel des activités officielles du parti.
Si pour la première option il nous suffit d’élargir les explications en relayant nos débats, le gel appelle des instructions précisant sa mise en œuvre.
Il s’agit donc de transmettre les modalités d’application de cette décision à l’ensemble de nos militants, élus ou non qui n’ont pas assisté aux travaux du Conseil national.
Les discussions menées au niveau du Secrétariat national ont donné une esquisse de la mise en œuvre de cette forme de retrait des activités officielles du parti sans mettre dans la difficulté ou l’illégalité les militants en charge de mandants institutionnels.
Globalement, nous avons, pour le prochain trimestre, trois missions à mener de pair.
- communiquer sur la scène nationale et internationale pour répercuter notre démarche et contribuer à disqualifier le processus en cours ;
- communiquer dans la structure pour, qu’au-delà des membres du conseil national, le collectif militant utilise le même argumentaire et applique au mieux nos décisions.
- Mobiliser la direction nationale et le groupe parlementaire pour renforcer le travail organique et la formation dans le Rassemblement.
Communication
En ce qui concerne l’exécution du gel de nos activités officielles, des méprises peuvent être enregistrées auprès de certains de nos élus. Il faut donc les affranchir de la signification politique et des incidences pratiques de cette position.
Les élus locaux, notamment dans les assemblées où le parti dispose de la majorité, sont naturellement tenus de s’acquitter du mieux qu’ils le peuvent de leurs responsabilités administratives. Ils doivent s’interdire, cependant, de mener, pendant le délai qui nous sépare du mois d’avril, des manifestations pouvant laisser entendre que le fonctionnement transparent et régulier est possible au moment où leurs collègues se font destituer dans la plus grande illégalité.
Comme toujours en pareille circonstance, des exceptions peuvent apparaître.
Des initiatives ont pu être lancées avant notre réunion du 15 janvier. Deux cas doivent être envisagés.
S’il y a possibilité de reporter ces activités, le mieux est de le faire.
Si, pour des raisons logistiques ou dans l’hypothèse où des financements publics ont déjà été engagés – ce qui peut mettre en situation politique voire judiciaire délicates- nos élus, il convient de parachever l’évènement, tout en expliquant pourquoi il a eu lieu.
Organique
Pour ce qui est de l’activité organique, il nous revient tous de nous y impliquer résolument.
On peut concevoir deux voire trois types de sorties.
Celles qui sont destinées à nos militants ou aux sympathisants qui souhaitent nous rejoindre.
Cette période de repli public doit être mise à profit pour asseoir notre capital organique et mieux structurer nos recrutements.
A ce propos, des instructions données n’ont pas été respectées. Un militant doit maîtriser les statuts et le règlement intérieur, savoir argumenter autour des positions principales qui fondent notre programme…Une nouvelle recrue doit être reçue solennellement et invitée à prendre connaissance des dispositions statutaires et des droits et devoirs du militant. (tenue, discipline, cotisations…). Il doit repartir avec de la documentation (en arabe, en amazigh ou en français) portant sur le programme…
Cela veut dire que chaque sortie doit être soigneusement préparée au niveau de la direction dont les animateurs auront à bien connaître les objectifs, la situation du parti et de nos adversaires sur la région.…
Le deuxième volet qui doit accompagner nos déplacements concerne ce que l’on pourrait appeler les catégories sociales qui nous accordent leur estime sans pour autant s’impliquer dans nos rangs.
Globalement ce sont des relais d’opinion qui ne sont pas (ou plus) dans les partis de la coalition gouvernementale mais qui n’osent pas, pour différentes raisons, adhérer au RCD dont ils partagent l’essentiel des propositions.
Nous devons faire lister ces personnes et les inviter à débattre pour les écouter et enregistrer leurs avis, propositions et, le cas échéant, leurs doléances. Il faut parvenir à les engager dans un cadre d’organisation de leur choix, le tout étant qu’ils concrétisent leur intérêt pour la vie publique. Les structures les plus sures et les plus motivantes sont celles qui prennent en charge le développement local ou régional. Amener ces citoyens à accorder de l’attention à leur région en définissant leurs priorités, et si, possible, en évaluant leur potentiel est un investissement capital pour le futur. C’est pour cela qu’il faut que les animateurs connaissent parfaitement les sites où ils doivent se déplacer.
Un autre problème doit être appréhendé car dans nos rangs il y a des militants qui vivent mal ces approches. Prenant comme repère leur propre niveau d’engagement, ils rejettent toute personne qui aurait manifesté une hésitation ou un repli politique à un moment ou un autre. Cette rigidité, dont on peut comprendre les origines, doit être corrigée par une discussion préalable avec le militant.
Les deux réunions (militants et sympathisants) doivent être, bien évidemment, organisées séparément même si des militants qui ont une surface de contact social importante peuvent s’associer au regroupement de la société civile.
Il reste une disposition stratégique. Une attention particulière sera accordée à la jeunesse. Chaque BR visité doit être doté d’un représentant à la jeunesse, quitte à ce que la direction nationale en assume les incidences financières quand le BR n’en a pas les moyens.
Cela veut dire qu’à chaque fois que cela sera possible, il faut s’aménager un entretien avec ces jeunes pour faire émerger le ou les plus fiables.
Naturellement, toutes ces réunions doivent être sanctionnées par un PV concis qui sera ramené à la fin de chaque tournée. Il servira à l’élaboration du rapport de mission.
Enfin, ces réunions seront évaluées sous quinzaine par les animateurs et un rapport doit être adressé au SNO sur la base d’un cahier des charges extrait de ces recommandations.
Formation
Jusqu’à présent, nos cycles de formations ont plus visé à perfectionner la maîtrise des concepts qu’à armer nos militants dans leur fonctionnement individuel et la gestion rigoureuse de leurs activités collectives.
Il faudra suivre les propositions de la commission formation en veillant à donner une orientation plus pragmatique aux cycles de formation de formateurs.
Conclusion
Les décisions arrêtées par le Conseil national extraordinaire ont déjà eu un impact politique important dans le pays.
Il nous revient d’en exploiter les incidences organiques au mieux de notre capital crédibilité et de nos moyens.
Ces moyens doivent être adaptés au redéploiement et à la reconfiguration organique et politique que nous envisageons. Un certain nombre de recrutements s’imposent pour concrétiser les tâches que nous nous sommes fixées.
Le président Saïd SADI
Alger, le 20 janvier 09.