Le Conseil National du RCD s’est réuni, en session ordinaire, à Alger le jeudi 11 Janvier 1996 à l’Hôtel Es-Safir.

Après élection du Bureau de séance, l’ordre du jour a été adopté. Il a porté sur :

– L’examen de la situation générale.

– L’analyse de l’élection présidentielle et ses implications.

– La situation organique du parti.

– Les perspectives.

– Les divers.

Concernant la situation générale, le RCD constate avec l’ensemble des Algériens que la mobilisation du 16 Novembre n’a pas amené les évaluations attendues par les Citoyens. Les premières mesures qui ont attenté à la liberté de la presse étaient des prémices préoccupants. Les décisions politiques qui ont suivi cet incident ont confirmé la tendance du pouvoir à refuser la transparence et à assurer publiquement des choix stratégiques clairs. Enfin, la configuration du nouvel exécutif signe une volonté hégémonique dans la conduite des affaires publiques.

Le RCD, sollicité à une participation au CNT et pour l’exécutif s’est vu contraint de décliner ces deux offres. N’ayant pu obtenir d’information sur les objectifs assignés au futur gouvernement, le RCD a rappelé que pour lui une charge gouvernemental était un moyen et non une finalité. S’agissant du CNT, le RCD considère  que toute décision ou action tendant à pérenniser cette instance participait d’une volonté à entretenir une situation provisoire dangereuse pour le pays.

Selon le pouvoir, la situation sécuritaire et les capacités de l’administration l’organisation d’élections à tout moment. La stabilité institutionnelle à laquelle travaille le RCD et qu’attendent les citoyens, appelle l’organisation des élections législatives et municipales dans les plus brefs délais. La modification de la loi électorale et de la loi par les partis politiques est une affaire de volonté politique. Elle ne demande pas de temps particulièrement long.

Le report de ces échéances électorales décisives participerait des tergiversations politiciennes douteuses. Il privilégie des manoeuvres politiciennes du sérail au détriment d’une sortie de la crise.

Concernant les élections présidentielles, le RCD a eu à constater, à l’instar d’autres observateurs, des insuffisances réelles et de graves irrégulières. Il reste, cependant, persuadé que l’engagement du candidat démocrate a ajouté du crédit à une élection vitale pour le pays. Quelques soient les incohèrences dans l’interprétation des résultats, la mobilisation des citoyens, le 16 Novembre, reste un acquis essentiel face au doute et à la terreur qui avaient paralysé notre société. Cette mobilisation doit être récupérée par les citoyens comme un investissement en faveur du changement démocratique à même de prévenir les tentations, constatées ici et là en faveur des années de plomb et pour neutraliser le péril intégriste.

Abordant la situation organique, le Conseil National estime que le relatif ralentissement imposé au parti par la situation sécuritaire peut être dépassé par des formes d’organisation adaptées. La restructuration lancée depuis un mois doit permettre d’aller au devant des disponibilités de larges couches de la société qui se sont mobilisées le 16 Novembre en faveur du projet démocratique.

La restructuration portant sur les structures exécutifs doit se faire de pair avec un effort soutenu en matière de formation. En attendant la tenue du prochain congrès qui suppose sécurité et stabilité dans le pays pour permettre une préparation et un déroulement à la mesure des attentes du collectif militant, le Conseil National s’engage à une présence plus constante pour l’animation politique à l’intérieur et à l’extérieur du parti et une réorganisation efficiente.

Les perspectives qui s’ouvrent au pays après l’élection du 16 Novembre sont larges et prometteuses. Les Algériens ont exprimé dans leur écrasante majorité une aspiration au changement et le rejet de l’extrémisme religieux.

Toute démarche politique ayant le souci de la stabilité et de la paix doit prendre en compte ces deux messages. Leur concrétisation suppose volonté sincère des forces démocratiques à amplifier la dynamique de convergence née de la mobilisation du 16 Novembre.