LE RAPPEL !
Il y a 43 ans, une génération de militants, forts de leurs luttes contre le système du parti et de la pensée uniques instaurés au lendemain de l’indépendance, ont pris leurs responsabilités de défier l’ordre établi. Leur conviction est que leurs ainés qui ont combattu la France coloniale pour édifier un État algérien indépendant n’ont pas consenti tant de sacrifices pour porter au sommet du pays un ordre négateur de notre identité, confisquant les libertés et bannissant la démocratie dans la gestion de la cité.
Les événements d’avril 80 marquent à la fois un aboutissement militant et une prise de conscience citoyenne plus large dans le pays. C’est une nouvelle ère de luttes qui s’ouvre pour réconcilier l’Algérie avec son histoire et son identité, plusieurs fois millénaire ,et l’exigence de l’exercice des libertés fondamentales. Le Printemps berbère a réussi à briser le mur de la peur et à prendre d’assaut la chape de plomb, imposée aux Algériennes et Algériens depuis 1962.
Aujourd’hui, à l’occasion de cette célébration, une halte est nécessaire pour faire le point des acquis et rendre hommage à tous les militants qui se sont sacrifiés pour que la cause amazighe triomphe et soit consacrée constitutionnellement.
La tragédie du printemps noir marquant le 21ème anniversaire d’avril 80 est dans toutes les mémoires. Pour tous les martyrs, pour les militants de la cause amazighe et pour les militants progressistes de ce pays, la constitutionnalisation de la langue amazighe n’est ni un trophée à exhiber dans des circonstances particulières ni un aboutissement tant que l’exercice des libertés fondamentales mènent à la prison, la démocratie est expurgée de ses exigences universelles et la souveraineté du peuple demeure sous tutelle.
Le déploiement sécuritaire impressionnant et l’annulation ou l’interdiction de toute activité publique à la veille de cet anniversaire, à l’instar de la conférence du RCD, programmée à Tigzirt, indiquent que « la nouvelle Algérie » est autant malade sinon plus des mêmes démons.
La citadelle de l’unicité et de l’autoritarisme est certes ébranlée dans ses fondations mais les tenants de la rente, du tutorat sur les consciences et de l’ostracisme continuent de freiner l’Algérie dans sa marche vers le développement et les lumières.
Le RCD estime que l’arsenal des lois liberticides confectionnées par le régime, le maintien en prison de centaines de prisonniers d’opinions, la répression de toute vie publique autonome ne peuvent empêcher durablement la jeunesse et notre peuple d’aller dans le sens de l’histoire : vivre dans la liberté dans un pays où le peuple souverain choisit ses institutions et ses représentants pour engager, résolument, le pays dans le progrès et le développement.
Alger le 19 avril 2023