Les relations entre Alger et Paris semblent aujourd’hui figées entre un statu quo pesant et une impasse politique évidente. Ces dernières 24 heures ont d’ailleurs illustré cette dynamique de blocage, où les gestes symboliques prennent le pas sur les actes concrets.
Hier, dans un geste inédit et peu conventionnel, Emmanuel Macron a choisi d’adresser une lettre à son propre chef de gouvernement. L’objectif n’était pas administratif mais éminemment politique : médiatiser une décision déjà actée depuis plusieurs semaines et, surtout, rappeler que les affaires étrangères demeurent sous l’autorité directe du Président. Ce message, habilement mis en scène, visait à s’adresser indirectement à Alger, affirmant que la ligne diplomatique française ne se décide ni à Matignon, ni à Beauvau, mais à l’Élysée.
La réponse d’Alger, tout aussi originale dans sa forme, est tombée moins de 24 heures plus tard. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, aucun ton menaçant, aucune attaque personnelle, pas même à l’égard du controversé ministre français de l’Intérieur le très contesté Retailleau. Alger s’est contentée de rappeler, de manière sobre, les positions exprimées dans ses précédents communiqués, insistant sur la responsabilité première de la France dans la détérioration des relations bilatérales.
La conclusion de ce communiqué a surpris par son ton apaisé, presque conciliant : un appel implicite à revenir à une logique de règlement politique des différends dans un esprit de respect mutuel.
En réalité, ces deux mouvements montrent clairement que les deux parties sont à bout de souffle. Côté français, les pressions multiples n’ont abouti à aucun résultat tangible. Côté algérien, la palette de ripostes semble également épuisée. Cette spirale d’instrumentalisation des relations, alimentée de part et d’autre, n’a accouché que de crispations, de malentendus et de tensions stériles.
L’impasse actuelle ne pourra durer éternellement. Elle finira par contraindre les deux chancelleries à revenir à l’essentiel : un dialogue sincère, lucide et constructif, débarrassé des postures et des arrière-pensées. Car au-delà des jeux de pouvoir, ce sont les intérêts fondamentaux des deux peuples et des deux nations qui sont en jeu.
Rachid Hassani