L’EAU, L’AGRICULTURE, LES FORETS ET LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

 

 

L’eau et l’agriculture

En Algérie, comme dans le monde, environ 70% des ressources en eau mobilisées vont pour l’agriculture. A l’avenir pour assurer l’impératif d’une plus grande performance de la production agricole, il faut une productivité plus forte avec moins d’eau disponible. Pour passer, enfin, d’une agriculture extensive à une agriculture intensive, trois facteurs handicapent le monde agricole qui peine à réaliser 11% du PIB et qui emploie, pourtant, près de 20% de la main d’œuvre dont une majeure partie reste précarisée. Il s’agit du fort morcellement des terres (situation foncière), l’inadéquation ou la vétusté des réseaux d’irrigation et l’absence de qualification humaine. Le fond du problème réside dans le pilotage des politiques publiques.

De plus en plus rare, en raison de l’explosion démographique, des besoins de l’agriculture, de   l’industrie et l’urbanisation auxquels s’ajoute la chute du niveau des précipitations, la disponibilité par habitant est à peine de 600 m3/an au lieu des 1000m3, minima internationale. L’Algérie compte parmi les pays sur lesquels pèse une grande menace du stress hydrique aggravé par le réchauffement climatique observé et projeté sur toute l’Afrique du nord.

L’eau risque de constituer pour le pays une question de sécurité nationale. En plus de la construction de barrages et de retenues collinaires, le RCD estime qu’une politique vigoureuse de gestion de la demande et du recyclage pour les besoins de l’agriculture et de la recharge des nappes phréatiques est incontournable. La lutte contre toute forme de gaspillage de cette ressource doit être permanente, elle passe surtout par une politique de sensibilisation, de la promotion des collectes domestiques, la réduction de l’usage de pompes hydrauliques fonctionnant à l’énergie fossile et d’éducation relayée par l’école, les médias…

Le risque d’aggravation du réchauffement climatique dicte une réévaluation de l’opportunité de favoriser certaines cultures sur d’autres en raison de la consommation de l’eau.

Présentement, un tiers des terres agricoles du Tell ainsi que les deux-tiers des terres situées sur les Hauts-Plateau ne sont pas travaillées. L’agriculture de montagne, à fort potentiel en zone Méditerranée, est laissée à l’abandon.

Le nœud du problème est le morcellement des terres agricoles, la première mesure d’un gouvernement légitime est le regroupement de ces terres. Notre ambition est de :

  • Constituer des filières agroalimentaires par la mutualisation qui peut prendre un aspect d’obligation pour les bénéficiaires des EAC. A ce sujet il s’agit de permettre la cession des EAC et EAI pour assurer le renouvellement des exploitants et l’apport de nouveaux financements pour l’agriculture, mettre en place un mécanisme juridique et financier permettant l’acquisition de toutes les surfaces provenant d’un héritage par l’héritier exploitant et prévoir l’acquisition de toutes les surfaces agricoles inexploitées par l’office chargé du foncier agricole pour les attribuer à titre onéreux aux jeunes agriculteurs qui sortent des établissements de formation avec facilité de paiement. Dans les zones montagneuses, (Kabylie, Ouarsenis, Aures nord constantinois…) le morcellement des terres est devenu un frein à une agriculture vivrière qui dans un passé récent constituait un réservoir de production importantes. Il importe de se pencher sur un dispositif permettant le remembrement de cet espace.

Développer l’arboriculture de montagne (oliviers, figuiers vignes…) pour cela des aides adaptées seront prévues ainsi que des mesures pour limiter les nuisances des pâtures sauvages particulièrement pour les caprins.

  • Elaborer un dispositif législatif qui énumère les filières agro-alimentaire et les conditions de leur constitution. Cette orientation doit permettre la création de grands groupes dans le domaine de l’agroalimentaire et d’introduire par là même des techniques d’irrigation économes en eau.
  • Rendre attractif l’investissement dans des stations de dessalement de l’eau de mer de moyenne taille qui peuvent et doivent obligatoirement fonctionner avec un apport conséquent d’énergie solaire ou éolienne. Notre pays a besoin de cet apport hydrique qui doit, cependant, se faire dans le respect de l’environnement. C’est le sens de l’option pour les stations de petites tailles.

Une politique de sauvetage de l’agriculture devra nécessairement prendre en charge :

  • l’institution d’un marché foncier par une loi d’orientation libéralisant l’activité agricole;
  • l’attribution des terres qui relèvent encore du domaine public à des gestionnaires choisis selon des critères de compétence;
  • le rétablissement d’une fiscalité pour les terres laissées en jachère ;
  • la mise en place d’une multitude « d’entreprise conseil agricole » pour déterminer les cultures les plus appropriés aux sols et les façons culturales les plus performantes;
  • la rétribution de ces entreprises se fera sous forme contractuelle avec le producteur;
  • la promulgation de dispositifs de soutien pour les productions prioritaires (lait, oléagineux, sucre, élevage, ovin…);
  • la revalorisation de la fonction d’ingénieur ou technicien supérieur agronome;
  • la multiplication des barrages et retenues collinaires, comme urgence stratégique nationale;
  • la mise en œuvre d’un programme de reforestation en priorité dans les zones nord.

Sur un autre plan, l’agriculture saharienne, dont la rente est plus importante que celle des hydrocarbures est non seulement mise de côté, mais sa destruction peut advenir à cause de la précipitation (technologies non matures) qu’ont nos dirigeants d’exploiter les gaz et les pétroles de schistes qui sont une menace réelle sur la pollution de la Nappe Albienne, laquelle garantit l’irrigation pendant plus de 2 siècles d’un territoire saharien grand comme 2 fois la France. Par ailleurs, des essences endémiques, à très fort potentiel économique et écologique, comme l’arganier ou le pistachier de l’Atlas (mais pas seulement) sont complètement ignorées.

Désertification et forêts

Pour l’Algérie, la désertification est une menace réelle. La cause naturelle principale est la sécheresse avec d’autres causes anthropiques qui sont la démographie, les surpâturages avec le défrichement des parcours et présentement le réchauffement du climat dans notre zone géographique. Les politiques économiques d’ensemble ne sont pas neutres. Sur les 38 millions d’hectare du Nord du pays, 20 sont occupés par la steppe. Une lourde menace pèse sur cet espace. La baisse des précipitations est singularisée par la montée sans cesse croissante de l’isohyète 100 (une ligne est-ouest constituée par les points de pluviométrie annuelle égale à 100 mm/an) vers le Nord du pays.

Les actions à mener pour la lutte contre la désertification et la remise en valeur des terres dégradées sont multiples. La gestion de la végétation naturelle, la mise en œuvre de système d’agro foresterie et de systèmes dylvo-pastoraux, le boisement, l’implantation de rideaux, abris et de brise-vent (pour la fixation des dunes), la création de parcs nationaux (protection et valorisation du patrimoine génétique, animal et végétal) et aménagement de bassins versants sont incontournables.

La forêt et le couvert forestier d’une manière générale constitue à elle seule un écosystème majeur. Il convient de lui consacrer davantage d’intérêt. Son interaction, son rôle sur les autres écosystèmes est fondamental. Les incendies affectent chaque année une moyenne de 20 000 hectares. Il y a lieu à la fois de mener une action pour la prévention et un reboisement planifié et tenant compte des changements de climat qui l’affecteront.

Protection de l’environnement

Des menaces globales pèsent sur l’environnement. Aux facteurs traditionnels tels que le développement de l’industrie, l’urbanisation, l’utilisation des produits chimiques dans l’agriculture, s’ajoutent les impacts liés aux changements climatiques.

Le RCD constate que les questions environnementales sont traitées comme des manifestations médiatiques loin de la réflexion et de la nécessaire élaboration d’une stratégie énonçant les règles applicables pour tous les secteurs de la vie économique. Repris et actualisé, le Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) doit être mis en œuvre à travers une structure horizontale qui s’impose à tous les secteurs d’activité.

Dans l’immédiat, il s’agira de

  • Mettre aux normes internationales la gestion des déchets ménagers, notamment urbains ;
  • Traiter les eaux usées et les rejets industriels par les stations d’épuration avant toute évacuation;
  • Assurer la protection des écosystèmes et de la biodiversité ;
  • Définir des instruments pour intégrer, superviser et contrôler la mise en place des mesures inhérentes à la gestion des risques, à l’anticipation des impacts du réchauffement climatique, y compris l’élévation du niveau de la mer.
  • Elaborer un large programme de sensibilisation qui prend appui sur les programmes scolaires et éducatifs pour appréhender les questions environnementales sous le double aspect de l’amélioration du cadre de vie et de la gestion rationnelle des ressources naturelles.

 

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