Cinquante-six ans après l’indépendance, l’Algérie a perdu l’aura héritée de la guerre d’indépendance. À force de confusion politique et idéologique marquée par une démarche officielle instable, le pays est perçu au mieux comme un marché où se déversent toutes sortes de marchandises, au pire, comme un territoire où existent plusieurs zones potentielles d’insécurité.
Surfant sur l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme, le régime algérien campe, par ailleurs, sur des positions rétrogrades et rame à contre-courant de la marche de l’Histoire.
Incapable de rayonner sur les plans culturel et scientifique malgré une Histoire millénaire et ses ressources humaines, le pays n’est approché aujourd’hui que pour ses moyens financiers et la propension de ses dirigeants à mener des politiques qui négocient les soutiens contre des marchandages stratégiques lourds de conséquences.
Démocratie et paix internationale
Hormis le soutien aux mouvements de libération nationale et la défense, par le passé, exécuté dans la perspective d’une nécessaire refondation équitable des relations et échanges internationaux, la politique étrangère de l’Algérie est le reflet de la politique de verrouillage et de répression multiforme en cours à l’intérieur. La démarche diplomatique du régime est dominée par la recherche permanente de protections internationales à coup de concessions politiques et économiques qui hypothèquent la souveraineté nationale. La non-ingérence dans les affaires d’autres Etats cache souvent une solidarité avec des dictatures. Position réitérée en Afrique (Soudan, Côte d’Ivoire, Libye, Egypte) et au Moyen-Orient (Syrie, Yémen). La préservation de l’emprise bureaucratique sur la gestion de la rente pétrolière, sous couvert de nationalisme, souligne le caractère népotique et prédateur du régime.
Dans un monde globalisé et profondément reconfiguré par une uni-polarité durable, le RCD réaffirme que c’est de la légitimité du pouvoir national que dépend la crédibilité de sa diplomatie.
En matière de politique internationale, le RCD milite pour que l’intérêt national soit le fil conducteur de la diplomatie algérienne. À ce titre, le RCD repense la carte de la représentation diplomatique de notre pays en fonction des exigences de notre politique étrangère et de nos relations économiques.
Le Rassemblement considère que le droit des peuples à disposer d’eux même est un fondement essentiel de la paix dans le monde.
Pour nous, l’histoire, la communauté de destin de l’humanité ainsi que la nécessité vitale de préserver le milieu naturel commandent un développement économique solidaire entre le Nord et le Sud de la planète.
Nous militons pour le désarmement généralisé à travers l’éradication des armes de destruction massive, notamment les armes nucléaires, biologiques et chimiques, par la mise en place de larges zones dénucléarisées.
Le Rassemblement considère que tous les peuples sont éligibles à la démocratie qui n’est pas un luxe de riche. La régression et l’autoritarisme ne sont pas des fatalités dans les sociétés de religion musulmane.
Le sous-continent nord-africain
La globalisation conduit inévitablement à la construction de grands ensembles régionaux. L’Algérie n’a pas d’autre choix que de s’intégrer dans son ensemble naturel : l’Afrique du Nord, un existant historique annoncé par « l’Etoile nord-africaine », largement consacré par la plate-forme de la Soummam et réitéré par la Conférence de Tanger en 1958 qui faisait de la fédération du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, un objectif immédiat parachevant leurs indépendances respectives.
Aberration conceptuelle et instrument politicien, l’UMA ne cesse de naître et de mourir par la faute de pouvoirs emmurés dans leurs crises de régimes. Conçue sur le modèle d’un syndicat de chefs d’Etat, elle vit selon les humeurs et intérêts étroits des dirigeants.
Les échecs passés doivent permettre de repenser l’avenir en termes d’identification de l’espace et de contenu du projet nord-africain. L’apurement du contentieux algéro-marocain, notamment le bornage des frontières, est vital pour les deux pays qui doivent laisser le conflit du Sahara Occidental trouver sa solution dans le cadre de l’ONU.
La politique d’intégration nord-africaine doit être pragmatique et centrée sur des projets concrets et gérables, en particulier dans le domaine de l’économie. Les trois Etats doivent encourager leurs sociétés civiles et leurs opérateurs économiques à conclure des partenariats mutuellement profitables. A titre d’exemple, les primes d’assurance des trois flottes aériennes civiles seraient considérablement réduites si elles étaient contractées solidairement.
En déléguant progressivement des segments de leur souveraineté, les Etats-nations permettront l’émergence d’une Afrique du Nord fédérale où les régions seront un ferment décisif pour le développement. La longueur de sa côte, sa position géographique, font de l’Afrique du Nord le point d’articulation entre l’Europe et l’Afrique d’une part, l’Europe et l’Orient, d’autre part.
La libre circulation des personnes, des biens et des capitaux permettrait d’élargir le marché et de spécialiser les régions naturelles désormais structurées et émancipées.
Cette fédération peut alors négocier dans de meilleures conditions avec les organisations financières ou commerciales internationales (FMI, OMC, BM) des projets qui dépassent, aujourd’hui, les capacités d’une nation et qui pourraient alors voir le jour pour diminuer progressivement notre dépendance extérieure.
La communauté des Etats péri sahariens
Possédant des frontières avec tous les Etats péri-sahariens, l’Algérie a des obligations et des droits importants dans cette région. Notre pays doit faire de cette frontière un lien de coopération, de paix et de prospérité en œuvrant, dans la concertation et la cogestion de cet espace intégrateur, à stabiliser, par le développement, les populations de ces contrées.
Le RCD préconise la création d’une communauté des Etats péri-sahariens (CEPS) où seront élaborés des projets solidaires touchant à l’environnement, l’économie, la sécurité, la culture et les questions migratoires.
La a réactivation et la réalisation du vieux projet de route transsaharienne est un facteur déterminant pour ce projet.
L’Europe et les puissances industrielles
L’Algérie jouit d’une position géographique exceptionnellement favorable face à l’une des zones économiques les plus importantes dans le monde. Dans cet environnement, la France, l’Espagne et l’Italie sont aussi nos plus importants partenaires économiques. La Méditerranée occidentale regroupe des pays européens importants avec les Etats nord-africains qui ont tous des accords d’association avec l’Union Européenne. Bassin naturel, cette construction peut constituer, à très court terme, un sous ensemble économiquement fécond.
Lieu de passage du phénomène migratoire en direction de l’Europe et elle-même touchée par ce problème, l’Algérie doit être associée pleinement dans les politiques d’aide au développement voté par l’UE pour stabiliser les flux migratoires.
Outre l’Europe, la diplomatie algérienne a vocation à prospecter et développer des relations fondées sur la coopération équitable avec les puissances industrielles, notamment les USA, le Canada et le Japon.
La Méditerranée
Berceau du monde et de la civilisation antique, la Méditerranée, notamment son bassin occidental, a toujours imprégné notre histoire et notre culture et déterminé le devenir de notre pays.
La Méditerranée a été longtemps déchirée par des conflits. Aujourd’hui la persistance du conflit israélo-arabe et l’irruption du conflit syrien, libyen avec les implications qu’ils génèrent constituent une grave menace contre la paix. Le RCD considère que la satisfaction de la légitime aspiration du peuple palestinien à la création de son propre Etat et la restitution des territoires arabes occupés en 1967 par Israël, constituent le fondement d’une paix viable au Moyen Orient. Un tel aboutissement qui suppose de vraies négociations est de nature à influer positivement sur la résolution de nombreuses situations nées de luttes d’influence et de crispations.
L’Afrique et le monde arabo musulman
Longtemps en tête sur la scène africaine, l’Algérie a perdu beaucoup de son influence dans cette région. Les évolutions notables enregistrées dans certains pays d’Afrique, notamment en matière de démocratisation n’ont pas bénéficié de l’anticipation et de l’attention qu’elles méritaient. L’initiative du NEPAD est porteuse d’espoir pour les peuples africains si les régimes qui l’animent sont légitimes dans leurs propres pays et enregistrent quelques performances en matière de développement. L’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord peuvent constituer un binôme susceptible de concevoir et mettre en œuvre une politique de développement africaine sur les moyens et longs termes.
Pour des raisons géographiques et économiques, le volume des échanges avec le monde arabo-musulman n’a pas suivi l’intensité des déclarations politiques des dirigeants. Appelées à se libérer de régimes autoritaires, les sociétés commencent à produire des élites qui se mobilisent en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. L’Algérie doit être attentive et solidaire des évolutions qui se passent dans une aire où se joue également une partie de son devenir, et nouer des contacts et des relations avec les forces démocratiques en lutte de l’ensemble de ces pays.
Les pays émergents
La place qu’occupent et occuperont ces pays sur les plans économique et politique font d’eux des acteurs incontournables dans les relations internationales à venir. L’Asie est appelée à devenir le cœur battant du monde nouveau.
L’Algérie doit maintenir et approfondir ses relations avec les pays émergents d’Amérique latine, d’Asie et d’Océanie dont les expériences peuvent être riches d’enseignement pour la gestion des mutations qui l’attendent.