LA SÉCURITÉ NATIONALE ET L’ARMEE

La sécurité nationale

Dans notre pays, les questions de défense et de sécurité sont occultées ou instrumentalisées. Au moment où cette problématique est d’une actualité régionale et internationale brulante, il est indispensable d’ouvrir ce débat d’une manière sereine. Il s’agit de mettre en avant le fait que la défense nationale est l’affaire de tous et concerne chaque citoyen. En effet, les transformations mondiales en cours dans le domaine des nouvelles technologies de l’information, l’internationalisation du terrorisme, la globalisation de l’économie, la cybercriminalité nous imposent de faire de la sécurité nationale une préoccupation au plus haut niveau de la décision politique.

A ce sujet, la politique de la sécurité nationale rassemble toutes les stratégies internes de l’Etat pour établir la paix et la préserver dans son territoire, garantir aux gouvernés les moyens de vivre, travailler, et s’épanouir…La défense engendrantles stratégies politiques et les moyens militaires pour assurer la protection du territoire et des habitants d’une agression extérieure.

Préoccupé, avant tout,  par le désir de pérenniser un régime qui a montré son inefficacité  pour libérer les citoyens et développer le pays, le pouvoir a délaissé l’impératif de la mise en œuvre d’une stratégie de sécurité nationale comme le prouvent la gestion politique aléatoire du terrorisme, l’attaque de Tiguentourine,  les inondations de Bab El Oued , la crise de Ghardaïa, les séismes de Ain Témouchent et de Boumerdés, les récurrents feux de forêt, les intempéries que subissent les régions de l’intérieur ainsi que certaines mini catastrophes industrielles (Arzew,Skikda….).

Pour nous, la sécurité nationale ne saurait être isolée de l’état général de la société, de la nature de l’Etat, de l’alternance par la voie démocratique au pouvoir et des enjeux stratégiques qu’impliquent nos intérêts nationaux. Les circonstances et l’ampleur de l’attaque terroriste qui a ciblé le complexe pétrolier de Tiguentourine nous interpellent pour repenser profondément toutes ces questions à commencer par le renseignement, indispensable pour la garantie de la sécurité des citoyens et des biens de la collectivité nationale.

 

Il s’agit de :

 

  • Redéfinir, réorganiser et renforcer la structure du Renseignement avec un cadre juridique approprié qui précise les missions, le mandat, les modes de désignation et les responsabilités de chaque acteur du secteur.
  • Fixer comme missions prioritaires au renseignement la lutte contre le terrorisme, la protection des infrastructures essentielles, la lutte contre le crime économique et le contrôle des frontières extérieures.
  • Rompre avec les pratiques de la police politique en opérant une réforme « culturelle » dans le domaine du renseignement pour faire en sorte que l’action des services de sécurité et, en particulier, de renseignements ne soit plus assimilée à la surveillance des citoyens à des fins de la défense du pouvoir politique.
  • Promouvoir le personnel féminin dans la responsabilité au sein des institutions chargées de la sécurité et de la défense.
  • Créer un organisme permanent chargé d’anticiper, prévenir et recenser les crises qui menacent la sécurité des territoires à l’image de celle vécue et que vit toujours la région de Ghardaïa et certaines régions de l’Est du pays. Cet organe sera composé, en plus des représentants de l’administration, de parlementaires, de sociologues, de politologues et de tout autre expert dont les compétences sont avérées dans les profils recherchés. Il sera rattaché au ministère de l’intérieur.
  • Investir de pouvoirs de police un corps permanant de l’armée nationale populaire spécialisé dans le contrôle et la surveillance des frontières.

 

Nous voyons que tout cela suppose une clarté dans la définition des rôles et les responsabilités des acteurs de la sécurité et de la défense nationales. Ainsi le chef de l’Etat est le premier responsable de l’Armée et des forces de sécurité en termes de supervision, d’évaluations internes des codes de conduite et de déontologie, des examens de performances et de contrôle des taches. Le pouvoir exécutif a au moins à la charge la définition des ressources dans un système ou le parlement a le pouvoir de contrôle et d’initiatives (enquêtes, audits, promulgation de textes…) et un pouvoir judicaire qui confirme l’Etat de droit. Comme on le voit la sécurité est un domaine complexe qui demande une maitrise du domaine militaire. Les législateurs n’ont pas d’expériences requises ni même les connaissances nécessaires pour cela, une commission spéciale dédiée à la sécurité et à la défense nationales est un impératif au sein du parlement pour éclairer les parlementaires…On en est loin.

 

Les transformations mondiales en cours depuis une décade (NTIC, internationalisation du terrorisme, globalisation de l’économie) commandent désormais de parler de sécurité nationale pour pouvoir englober la défense nationale, la protection de l’économie et la lutte contre les nouvelles menaces (cybercriminalité, grand banditisme, terrorisme…) et autres catastrophes naturelles.

Ainsi donc, la défense et la sécurité sont des secteurs clés qui aujourd’hui, ont dépassé les frontières militaires pour devenir des préoccupations publiques. De nouveaux acteurs sont nés à cause de l’émergence de nouvelles formes de menaces et violences. Pour qu’une politique de défense de sécurité soit efficace et efficiente, un préalable important est nécessaire : la démocratie en général, la démocratisation du secteur de la sécurité en particulier.

L’immigration

Terre d’émigration historique, l’Algérie, tout en gardant cette caractéristique, est désormais une terre de transit et de destination. La position géographique de l’Algérie entre l’Afrique pourvoyeur de populations migratoires et l’Europe contrée de leur destination, pose, aussi, un problème de sécurité nationale sachant que les prévisions internationales s’attendent à l’arrivée, dans les 20 prochaines années, en territoire algérien, de 30 millions de migrants d’Afrique subsaharienne.

L’immensité du territoire national et de ses frontières au sud interpelle les pouvoirs publics et appelle à la mise en place de mécanismes de contrôle des flux humains en collaboration avec les pays du pourtour saharien et de l’U.E. La politique de développement solidaire de l’espace péri saharien permettrait de pérenniser une dynamique économique qui régule les flux migratoires.

L’armée

L’armée doit se désengager définitivement des jeux et enjeux politiques pour se consacrer à sa modernisation et à l’élévation de son niveau opérationnel en vue de devenir une armée de métier au service exclusif de la République. Les critères de compétence et de loyauté envers la République et la Nation déterminent l’organisation et le fonctionnement de l’armée.

La mission de l’armée est la défense du territoire et des frontières nationales. Cette vision implique la dissolution effective de la police politique et la mise de toutes les structures de renseignement, militaires ou civiles, sous le contrôle du pouvoir civil démocratiquement élu.

Dans l’Etat unitaire régionalisé que prône le RCD, l’armée relève de l’Etat central. Pérennisé dans le cadre d’une stratégie de défense populaire, l’instauration du service national doit être revue à la fois dans ses missions civiles et militaires et dans sa durée qui doit être ramenée à 4 mois pour le soldat et 6 mois pour l’officier de réserve.

Partager cet article

Partager sur facebook
Partager sur google
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email