Globalement, notre mode de vie est façonné par la disponibilité d’une énergie bon-marché issue quasi exclusivement des hydrocarbures. Tous les indicateurs disponibles montrent que notre pays est dans une situation de diminution de l’offre à cause du déclin des ressources en hydrocarbure et de l’explosion de la demande interne, en raison de la croissance démographique mais aussi du système des prix qui joue comme une prime à la surconsommation, voire au gaspillage. Il est symptomatique de constater que la demande est tirée par les ménages et le secteur des transports et que la part des entreprises de production de biens et services soit réduite à une portion incompatible avec les ambitions de développement affichées. Ce modèle est insoutenable. La pénurie d’énergies fossiles ne concerne pas que les prochaines générations, elle est déjà d’actualité. Nous sommes devant une situation où il faut agir à la fois sur l’offre et la demande.
S’agissant de l’efficacité énergétique des bâtiments, il convient de relever que l’Algérie est l’un des rares pays où l’intensité énergétique augmente régulièrement. Elle est aujourd’hui de 0,591tep/1000$ (PIB Constant hors Hydrocarbures) et 0,357tep/1000$ (PIB Constant avec HC) selon l’Aprue ; la Grande Bretagne qui a fait la meilleure performance mondiale en 2015 affiche 0,076 tep/1 000, un gap abyssal en quelque sorte. Malgré l’existence de nombreux dispositifs comme le Fonds National pour la Maîtrise de l’Energie (FNME), institué par décret en 2000, les résultats sont loin d’être significatifs. Il n’y a pas une dynamique en termes d’investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
En attendant que les systèmes de prix trouvent un équilibre dans un mécanisme idoine entre la nécessité d’un accès à l’énergie pour tous et l’impératif de résorber au moins les déficits, un marché de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables (solaire etéolien) sera développé. Il sera tiré, dans un premier temps, par la commande publique qui aboutira à terme à l’instauration d’un certificat d’efficacité énergétique.
Dans les faits, l’absence de veille stratégique a pénalisé notre pays depuis, au moins, les années 80. Disposant d’un des plus grands gisements solaires au monde, l’Algérie a complètement négligé ce créneau. Disposant de ressources gazières importantes, les cadres du secteur de la production d’électricité se sont acharnés à gaspiller cette richesse par des choix technologiques aberrants et antinationaux : bannissement du cycle combiné par exemple. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que la technologie rentable du cycle combiné reprend peu à peu la place qui lui revient.
Notre ambition est de :
- Doter tous les ministères, les sièges des grandes institutions nationales, régionales et locales d’un parc d’énergie renouvelable à hauteur des possibilités issues d’études techniques. Dans le même temps, interdire dans ces services l’usage de chauffage électrique de lampes et d’appareils électriques (les climatiseurs en particulier) autres que ceux certifiés basse consommation. Cette mesure sera étendue progressivement à l’ensemble des édifices publics ;
- Adopter une législation qui stipule que les nouvelles constructions d’édifices publics doivent répondre aux normes de l’efficacité énergétique ;
- Inclure à terme dans les cahiers de charge des marchés publics dans le domaine des bâtiments le bilan énergétique final de toutes les réalisations;
- Reprendre l’ambition d’une production massive d’électricité issue du solaire avec comme aiguillons l’exigence d’un prix de reviens du KWh le plus bas possible et un transfert de technologie qui puisse être d’un apport qui peut qualifier nos entreprises dans l’investissement international et en particulier en Afrique
- Soumettre régulièrement les grandes entreprises à un audit énergétique ;
- Adopter une législation qui encourage l’économie circulaire garante du développement durable. (Ce modèle économique vise l’optimisation de l’utilisation des ressources veut que le déchet d’une industrie soit recyclé en matière première d’une autre industrie ou de la même) ;
- Lancer des projets pilotes de centrales de climatisation pour des groupes de bâtiments des villes du Sud fonctionnant au moyen de l’énergie solaire.
- Mettre à niveau la gestion du réseau électrique par l’introduction des technologies Smart Grid (réseaux intelligents) pour permettre une meilleure gestion de la demande en adéquation avec la diversification de l’offre en prévision d’une part importante du renouvelable.
- Interdire l’acquisition et à terme (03 ans) toute circulation de véhicules utilitaires dans le parc public fonctionnant à l’essence ou au diesel au profit des véhicules GPL et électriques.
- Instaurer dès à présent un certificat d’efficacité énergétique pour les entreprises de reconversion en GPL et des aides pour la rénovation de l’ensemble de la flotte des transports publics y compris les taxis avec un cahier des charges.
- Adopter un moratoire de dix (10) ans sur l’exploitation du gaz de schiste, reconductible après débat à l’Assemblée nationale à l’aune de l’évolution de la technologie et des procédés et moyens de son exploitation.
Adopter une législation qui encourage la recherche d’hydrocarbures et prendre toutes initiatives destinées à rétablir la confiance des partenaires