Bonjour tout le monde,
Azul fellawen,
Sbah El Khir,

Chères militantes, chers militants,
Chers invités,
Chers amis du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie,

C’est toujours un moment de plaisir et de responsabilité que d’ouvrir les travaux de l’Université d’été de notre parti. Cette rencontre n’est pas un rituel, encore moins un exercice convenu. Elle est un acte politique, un acte de résistance et de fidélité à un idéal qui, depuis plus de trois décennies, fait du RCD le porteur d’un projet clair, cohérent et constant : construire une Algérie républicaine, démocratique et moderne.

Avant d’aller plus loin, je souhaite que nous ayons une pensée particulière et un hommage appuyé pour un homme de courage, de rigueur et de conviction : Ihsane El Kadi qui a partagé le combat d’un homme auquel nous avons déjà rendu hommage, le défunt Zoheir Aberkane.

Notre ami Ihsane est parmi nous aujourd’hui pour animer la première table ronde de cette université d’été. Il n’a pu se rendre en Allemagne pour recevoir le Prix de la liberté et de l’avenir des médias 2025, décerné par la Fondation Sparkasse, qui salue son combat pour une presse libre et indépendante.

Je vous demande de l’applaudir chaleureusement, car à travers lui, c’est toute une génération de journalistes libres et intègres que nous honorons.

Cette université d’été se tient dans un contexte d’une gravité particulière.
Une fois de plus, le pouvoir a tenté de nous empêcher de débattre, de réfléchir, de nous réunir. Une fois de plus, il a mobilisé l’administration et la peur pour interdire une rencontre politique pacifique, légale et légitime.
Mais une fois encore, il a échoué à faire taire la parole libre.

Car le RCD ne demande pas la permission d’exister : il exerce son droit.
Et face à la fermeture de l’espace public, nous ouvrons des espaces de pensée.
Face à la répression, nous répondons par l’organisation.
Face à la peur, nous opposons la conviction.

Cette université d’été, c’est donc un message clair : le RCD ne se taira pas malgré ceux qui veulent nous pousser à la clandestinité et à l’illégalité pour nous détourner du combat que nous menons.

Ce rendez-vous n’est pas un simple séminaire interne.

C’est une école du militantisme et un laboratoire du changement.

Nous sommes ici pour former les acteurs d’une Algérie nouvelle — pas celle que le pouvoir promet dans ses slogans creux, mais celle que nous construisons par la pensée, la critique et l’action.

Le RCD ne fait pas de la politique pour exister, il existe pour changer la politique.
Il ne cherche ni reconnaissance du régime, ni partage de privilèges.
Il porte un projet, une éthique, une vision de la société fondée sur la liberté, la justice et la dignité du citoyen.

Les thèmes que nous aborderons durant ces deux jours illustrent parfaitement cette démarche intellectuelle et politique.

Dès ce matin, une première table ronde posera une question fondamentale :
« Pourquoi la diversification économique est d’abord un chantier politique ? »
Une question essentielle, car dans un pays où l’économie reste otage du pouvoir, la réforme économique commence par la réforme de l’État.
Sous la direction d’Ihsane El Kadi, journaliste et cofondateur de Maghreb Émergent,qui aurait pu être assisté de Smail Lalmas, expert en économie et président de l’Association Algérie Conseil Export, qui a eu un empêchement de dernière minute,ce débat nous permettra de comprendre que la croissance ne se décrète pas : elle se construit dans la transparence, la confiance et la liberté d’entreprendre.

Dans l’après-midi, une seconde table ronde nous plongera au cœur du politique :
« État, société et libertés : état des lieux du pluralisme politique en Algérie. »
Avec des personnalités comme le sociologue Nacer Djabi et l’avocat Mustapha Bouchachi, nous interrogerons la dérive autoritaire du régime et les conditions du renouveau démocratique.
Ce débat est vital, car sans pluralisme réel, sans contre-pouvoirs, la société s’éteint et la citoyenneté se vide de sens.

Enfin, demain matin, nous consacrerons nos échanges à un enjeu fondamental pour l’avenir du pays :
« L’éducation nationale et la place des langues maternelles dans le système éducatif. »
Sous la conduite d’Ahmed Tessa et d’Abderrezak Dourrari, deux voix éclairées et respectées, nous réfléchirons à l’école que nous voulons : une école ouverte sur la diversité linguistique et culturelle de l’Algérie, garante de l’unité nationale par la reconnaissance de toutes ses composantes.

Ces tables rondes et les ateliers de formation qui suivront sont l’expression vivante du projet du RCD : penser pour agir, former pour libérer, débattre pour transformer.

Chers amis,

Soyons responsables: l’Algérie traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine.
Le pouvoir parle de stabilité, mais tout s’effondre.
Les institutions sont sans légitimité, la loi est instrumentalisée, et le discours officiel n’a plus d’autre but que de masquer la vacuité du régime.
Les libertés sont confisquées, les partis réduits au silence, la presse domestiquée, les militants harcelés.
Jamais, depuis la fin du parti unique, le pays n’a connu une telle régression politique.

Sur le plan économique, la faillite est totale :
les prix flambent, les jeunes fuient, les compétences s’exilent, les entreprises ferment.
Ce pouvoir qui se dit “nouveau” n’a rien réformé, rien modernisé, rien compris.
Il ne gouverne pas : il gère la survie du système.
Et pendant que l’État se délite, la société se fragmente, la misère s’installe et la résignation gagne.

Dans tout ce chaos organisé, le RCD demeure la voix de la constance.
Nous avons traversé toutes les campagnes de diabolisation, toutes les exclusions, toutes les interdictions, sans jamais renier nos principes.
Nous avons dit non à la compromission, non au populisme, non à la démagogie.
Nous avons choisi la rigueur du projet à la facilité du slogan.
Nous avons préféré l’isolement temporaire à la trahison permanente.

Notre ligne est claire :
Séparation des pouvoirs, souveraineté du peuple, État de droit, égalité, laïcité et justice sociale.

C’est cette ligne, inchangée, qui fait du RCD non pas un parti d’opposition circonstancielle, mais une alternative nationale.

Honorable assistance,

Je veux ici saluer le courage et la persévérance de nos militants.
Dans chaque région, dans chaque commune, souvent dans l’adversité, vous portez haut les couleurs de la liberté.
Votre engagement est la plus belle réponse à la répression.

Mais je veux surtout m’adresser à la jeunesse :
Vous êtes la génération qui doit transformer la résistance en projet, l’indignation en action, la colère en intelligence politique.

C’est pour vous que nous organisons cette université d’été : pour apprendre, débattre, construire.
Le pouvoir veut des sujets passifs, le RCD cherche à former des citoyens actifs.
Le pouvoir veut des jeunes dociles, nous formons des esprits libres.
Face à la confiscation de la parole, il faut opposer la solidarité des démocrates.
Le pouvoir tente de diviser, d’isoler, de fragmente, nous, nous devons unir toutes les forces du changement, autour de valeurs, pas d’ambitions personnelles.

Le RCD tend la main à toutes les consciences libres, à tous ceux qui croient encore que l’Algérie mérite mieux que la peur et la stagnation.

Nous ne cherchons pas à dominer, mais à réconcilier la politique avec la dignité.

Chères militantes, chers militants,

Le RCD n’est pas un parti de circonstance, c’est une école de courage.
Nous avons payé le prix fort pour défendre la République, la laïcité, la justice et la liberté.
Et nous continuerons, car nous savons que l’histoire finira par donner raison à ceux qui ont résisté, et non à ceux qui ont servi.

Tant qu’il y aura des femmes et des hommes debout pour penser, débattre et agir,comme nous le faisons aujourd’hui, l’avenir ne sera pas confisqué.

Vive le RCD,
Vive la République,
Et vive l’Algérie libre et démocratique.

Alger, le 10 octobre 2025
Atmane Mazouz
Président du RCD