Lounis Saidi, ancien Secrétaire général du Syndicat national des cheminots affilié à l’UGTA, a été condamné, le jeudi 17 juillet 2025, à deux années de prison ferme et à une amende de deux millions de dinars. Les faits retenus contre lui sont directement liés à son activité syndicale. Il avait été arrêté le samedi 5 juillet 2025, soit à la veille du déclenchement d’une grève nationale illimitée à laquelle sa structure avait appelé le 25 juin, pour revendiquer notamment des augmentations salariales.
Ce même jour, il a été arbitrairement démis de ses fonctions syndicales et la grève annulée sous pression.
Le Syndicat national des cheminots, l’un des plus anciens et des plus combatifs du pays, porte une tradition historique de luttes pour les droits sociaux, la justice et la dignité des travailleurs du rail. Réprimer cette voix, c’est tenter de briser cette mémoire militante et d’éradiquer un pilier de la contestation sociale.
Cette condamnation s’inscrit dans une logique répressive désormais assumée par les autorités. Il ne s’agit ni d’un acte isolé, ni d’une décision de justice indépendante; elle participe d’une stratégie de dissuasion, d’intimidation et de mise au pas des acteurs syndicaux, dans un pays où les droits syndicaux sont pourtant garantis par la Constitution. En réalité, les libertés syndicales sont, dans les faits, méthodiquement piétinées.
Les dispositifs répressifs s’appuient désormais sur des textes législatifs liberticides, tels que la loi 23-02 du 25 avril 2023 relative à l’exercice du droit syndical, et la loi 23-08 du 21 juin 2023 relative à la prévention et au règlement des conflits du travail et à l’exercice du droit de grève. Ces lois, adoptées sans concertation avec les principaux concernés, renforcent l’arsenal juridique contre les syndicats autonomes, criminalisent l’action collective, et affaiblissent gravement les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs.
Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) alerte l’opinion publique nationale et internationale, les organisations syndicales et les défenseurs des droits humains sur cette dérive autoritaire qui menace non seulement les syndicats, mais les fondements mêmes d’un État de droit.
Sur le même registre, il y a lieu de rappeler que les professeurs Messeoud Boudiba et Boubkeur Habet, respectivement coordinateur national et chargé de l’administration du CNAPESTE, syndicat autonome du secteur de l’éducation, sont toujours sous contrôle judiciaire depuis le 26 février 2025. Ils sont contraints à des obligations d’émargement bihebdomadaire dans des juridictions très éloignées de leurs lieux de résidence, uniquement pour avoir exercé leurs responsabilités syndicales.
Le RCD exprime sa pleine solidarité avec Lounis Saidi et l’ensemble des syndicalistes victimes de harcèlement judiciaire. Le respect du droit syndical, tel que consacré par la Constitution algérienne et les conventions internationales ratifiées par notre pays, ne peut souffrir d’aucune restriction arbitraire.
Le RCD exige l’abandon immédiat des poursuites à l’encontre des militants syndicaux et la fin de la criminalisation de l’action syndicale.
La défense des travailleurs n’est pas un crime.
Alger, le 18 juillet 2025
Secrétaire national du #RCD chargé aux relations avec les syndicats