CONSEIL NATIONAL DU 02 DECEMBRE 2022

ALLOCUTION D’OUVERTURE DU PRÉSIDENT DU RCD, Atmane Mazouz .

CHERS MILITANTES ET MILITANTS, MEMBRES DU CONSEIL NATIONAL
CHERS AMIS
AZUL, SBAH ELKHIR, BONJOUR ET BIENVENUE
Nous sommes à la deuxième session de notre Conseil National qui est, je le rappelle, l’instance de direction du RCD entre deux congrès. Vous m’avez confié la présidence du parti lors du congrès des 03 et 04 juin dernier, je veillerai pour ma part à ce que toutes les structures du Rassemblement puissent exercer leurs rôles et leurs prérogatives statutaires et que les cadres du parti s’impliquent dans l’organisation et l’élaboration de notre intervention. J’invite ainsi tous les militants à prendre la parole dans toutes les réunions de nos structures- je l’ai fait à l’occasion des différentes sorties lors des installations des bureaux régionaux- pour que le débat soit le préalable à la prise de décision. Je dis cela loin de toute pensée populiste. Nous devons réapprendre ou apprendre, c’est selon, à ce que tous les débats concernant la vie du parti se déroulent dans nos structures. Vous le savez, il n’y a rien de plus dommageable pour une organisation que lorsque les discussions sur son orientation échappent aux structures statutaires.
Je ne vous apprends rien en disant que nous ne sommes pas dans une situation normale. L’arbitraire et le climat de terreur que subissent les citoyens déteint sur toutes les organisations qui refusent de s’inscrire dans l’agenda de la normalisation autoritaire pilotée par un pouvoir qui s’est imposé à la nation par le détournement des moyens de l’État au profit de ses clientèles. Dans les faits, ce pouvoir ne peut s’accommoder avec l’existence de partis politiques ou de syndicats. Les appareils politiques ou syndicaux qu’il tolère ou qu’il a lui-même propulsé au niveau de ces directions doivent se comporter comme des administrations (Dixit une correspondance du ministère de l’intérieur pour rappeler à l’ordre le RCD) qui devancent les desideratas des pouvoirs publics. Une sorte d’organisations de masse chères au vieux personnel politique du régime plus enclin à ressasser les slogans des années de plomb qu’à exercer des responsabilités.
Chers amis,
Nous avons préparé durant deux mois notre université d’été qui devait se tenir les 13, 14 et 15 octobre dernier. Cet événement important, juste après notre congrès, devait nous permettre, d’une part, de débattre et d’homogénéiser notre intervention et, d’autre part, d’impulser une dynamique de renouvellement de nos structures statutaires sur des bases saines pour construire un parti de militants, un impératif urgent après le congrès extraordinaire de juin. L’interdiction de la tenue de cette université nous dicte de nous redéployer dans les meilleurs délais pour disposer le parti dans une situation qui devient de plus en plus dangereuse pour tous les militants politiques, syndicaux et associatifs ainsi que pour le pays.
Les échos de nos interventions sur le terrain des luttes démocratiques, en particulier notre solidarité effective avec les détenus d’opinion et leurs familles ainsi que notre communication à ce sujet ont écho réel auprès des populations. Les acteurs de la mouvance démocratique qui n’ont pas baissé pavillon sont nombreux et viennent vers nous pour exprimer le besoin du regroupement. Jusque-là nous avons eu des contacts et réunions préliminaires. Il y a au moins un accord pour exprimer publiquement, ensemble, le refus de la politique en cours. Le conseil national doit s’exprimer aussi sur cette question en tenant compte de la fermeture quasi générale des espaces publics, au point où, abriter une réunion dans un siège d’une organisation d’acteurs politiques qui refusent de rentrer dans les rangs, peut être un motif de représailles sur l’organisation.
Dans cette session du Conseil National, nous aurons à discuter et à adopter un plan de restructuration qui sera présenté par le secrétaire national à l’organisation. Nous aurons aussi à débattre de notre communication et des moyens à mettre en œuvre pour assoir une communication qui s’appuie d’abord sur nos propres outils (TV web, site électronique officiel, journaux électroniques……). Dans cette même optique, j’invite nos structures régionales à confectionner un calendrier de conférences thématiques (on peut s’inspirer des thèmes de l’université d’été) avec des demandes de réservation de salles publiques, dans le cas d’un refus, certains bureaux régionaux peuvent accueillir les conférences dans leurs propres locaux.
L’ordre du jour que nous venons d’adopter pour cette session détaille les taches à traiter et planifier. Concernant, le dossier que nous avons déposé auprès du ministère de l’intérieur après le congrès extraordinaire, il ne souffre presque d’aucune lacune puisqu’il est exactement le même que celui déposé après le congrès de 2018 ; la loi(12/04 du 12 janvier 2012) n’ayant pas changé depuis. Les nouvelles remarques du ministère de l’intérieur sont prises en charge pour être envoyées avant les délais qui nous ont été fixés. Je voudrai juste signaler que des partis qui ont organisé leurs congrès bien avant nous sont confrontés au même manège. Quand vous levez les réserves signalées, on vous invoque d’autres. Personne n’est dupe pour croire qu’il s’agit de problèmes administratifs ou juridiques sans parler du caractère déclaratif de la procédure pompeusement inscrit dans la nouvelle constitution. S’ils comptent nous pousser à la clandestinité parce que les militants résistent et ne comptent pas céder, qu’ils reprennent cet agrément, car le RCD ne servira aucunement de façade à votre fausse démocratie.
Chers amis
Nous sommes confrontés à un pouvoir qui a comme projet d’organiser son maintien par la régression. Le populisme, la haine de l’autre et la division constituent ainsi la matrice de cette idéologie qu’on veut imposer à la société algérienne.
La régression des libertés pour museler toute voix discordante. Clairement, l’objectif est d’instaurer un climat de terreur et de peur pour faire accréditer la thèse d’un pays assiégé par des ennemis de toute sorte qui ourdissent des complots contre nous. Tous ceux qui refusent de se soumettre à l’arbitraire des gouvernants et qui aspirent au changement du système politique qui étouffe le pays sont alors considérés comme des alliés directs ou objectifs de forces étrangères qui sont par définition les forces du mal. La boucle est bouclée et cette schizophrénie qui semble s’emparée de nos décideurs est sans limites. Trituration de la loi pour criminaliser l’action politique pacifique, mise en scène d’arrestations musclées par les services de sécurité ou interpellations au niveau des lieux de travail ou des domiciles par des agents civils pas toujours clairement identifiés, fabrication de dossiers d’accusation dans des officines, abus dans la détention provisoire, procès inéquitables et expéditifs, avec dans de nombreux cas, l’expulsion du public et des familles des prévenus des salles des audiences, sont la panoplie que subissent des milliers de citoyens.
Les outrances sont légion et le jour où il deviendra possible de réviser ces procès expéditifs, c’est-à-dire lorsque le peuple algérien retrouvera et, c’est inéluctable, sa liberté et sa souveraineté, des enquêtes sérieuses révéleront les dessous de toutes ces pseudo-accusations. Ce jour, le monde entier saura alors, qui complote contre qui, on saura aussi l’identité des auteurs des provocations et de manipulations pour alimenter les haines et les divisions.
La régression dans l’école où les clientèles bureaucratiques et les obscurantistes officient main dans la main avec la bénédiction du pouvoir politique pour exclure l’immense majorité des élèves (tous ceux dont les parents ne peuvent pas faire autrement) de la modernité, de la rationalité et du progrès des sciences et cultiver l’intolérance et le rejet de l’autre. Cette régression, incontestablement la plus dangereuse est alimentée par les discours de haine et de suffisance de nombreux responsables diffusés en boucle par des médias qui ont perdu toute mesure.
Une régression économique qui destine notre pays à n’être qu’un marché de consommateurs qui fluctue au gré des prix des hydrocarbures. La dernière mission du FMI dont la délégation a séjourné en Algérie du 06 au 21 novembre de cette année divise par 2 le taux de croissance de l’économie pour 2023, projeté à 4,1, % dans la loi de finances fraichement adoptée au parlement pour le ramener à 2% environ. Pour elle le rattrapage partiel des pertes durant la période de COVID est essentiellement dû au renchérissement des cours mondiaux à cause du choc énergétique suite à la guerre en Ukraine. En l’absence de statistiques et de chiffres fiables, les projections de cet organisme en matière macro-économiques constituent ce qu’on peut avoir de mieux. Pour le reste, la désindustrialisation du pays continue de plus belle, la dégringolade du pouvoir d’achat est quasi quotidienne, le chômage endémique s’installe dans la durée. Dieu fasse que les prix des hydrocarbures ne s’effondrent pas sinon, comme dans l’ancienne Algérie, le ciel nous tombera dessus.
Chers amis
Ce tableau sombre n’est ni une vue de l’esprit ni une fatalité. L’autoritarisme, l’instrumentalisation de la justice, ballotée par des luttes de chapelles des décideurs ont comme corollaire inévitable le renforcement des comportements bureaucratique dans l’administration et la fuite de l’investissement privé vers des niches de l’informel ou vers d’autres cieux où la stabilité et l’État de droit ne sont pas des mots érigés en litanie.
Pour le RCD, l’injustice, la répression et le fait du prince n’ont jamais constitué un système de gouvernance durable. Ils sont au contraire les ferments de révoltes et de contestation. Quoique pensent les fossoyeurs de la liberté et de la souveraineté du peuple, le mouvement de février 2019 n’est pas défait. Il suffit, pour ceux qui bouclent nos villes des heures durant pour se rendre à des événements protocolaires, de prendre la température de nos quartiers et de nos villages pour se rendre compte que les populations ne sont pas dans la démarche de normalisation en cours incarnée par un personnel politique soumis à des décideurs de l’ombre.
Même si le prix à payer est lourd, le RCD ne saurait être un simple alibi démocratique.
Merci pour votre écoute, Tanemirt

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